1. Introduction :
Le jugement dernier prononcé : Apoc 20,11 à 15, il ne reste rien de ce qui porte la marque du péché devant Dieu. Tous les rebelles à Dieu sont désormais unis dans un même sort et regroupés en un même lieu, l’étang de feu, pour toujours. Le monde ancien ayant disparu, l’heure est venue pour les élus d’habiter le monde nouveau.
Spectateur de sa mise en place, l’apôtre Jean voit se matérialiser les deux éléments majeurs du nouvel univers préparé par Dieu aux saints :
- le nouveau ciel et la nouvelle terre : v 1. Ils sont le nouveau cadre cosmologique dans lequel vivront les élus
- la nouvelle Jérusalem : elle sera leur demeure effective, le cœur même de la vie du nouveau royaume préparé par Dieu pour eux. Sa description, et ce qui la concerne, occupe la majeure partie de la vision dont Jean est l’objet ici.
2. Nouveaux cieux, nouvelle terre : v 1 à 8
La création future d’un nouvel ciel et d’une nouvelle terre n’est pas propre au livre de l’apocalypse. La vision de Jean est la réalisation de prophéties anciennes dites déjà par le prophète Esaïe : Esaïe 65,17 ; 66,22. Prophète du salut, Esaïe a anticipé la nécessité, non seulement de la mort nécessaire du Christ : Esaïe 53, mais celle d’un refonte complète du monde créé par Dieu, mais contaminé par le péché. La foi en un nouveau ciel et une nouvelle terre faisait elle aussi partie de l’espérance qui habitait les apôtres : 2 Pierre 3,13.
La création d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre indique que le dessein originel de Dieu n’a pas été modifié à cause de la chute. La terre est bien le lieu voulu par Dieu pour notre existence d’hommes. La vie sur la nouvelle terre se différenciera de celle de l’ancienne, non pas tant par les éléments qui la constitueront, que par les choses qu’on n’y trouvera plus. Jean en mentionne ici au moins 4 : v 4. Sur la terre nouvelle, on ne trouvera plus :
- Ni mort : la mort est entrée dans le monde avec le péché : Romains 5,12. Elle en est le salaire, la rétribution : Romains 6,23. Ayant triomphé d’elle par la nouvelle naissance, qui est le fruit de l’obtention de la vie éternelle : Jean 3,3.16, les élus ne la connaîtront plus. Vaincue, la mort ne sera plus car aucune prise ne lui sera possible dans la vie qui désormais les habite. Toute autre sera la condition des réprouvés : v 8. Privés de la vie éternelle, dépourvus de l’équipement adéquat pour échapper à son emprise, ils continueront à souffrir sous le règne de la mort, comme il en était déjà pour eux ici-bas : Ephésiens 2,1. L’alternative qui est proposée à chacun est donc la suivante : naître une fois et mourir deux fois ou naître deux fois et ne mourir qu’une fois !
- Ni deuil : la mort absente, il n’y aura plus d’extinction, de dépérissement et de fin de vie. Il ne sera plus jamais nécessaire de se préparer à l’éventualité d’une séparation. Les élus vivront pour toujours ensemble sans jamais se quitter.
- Ni cri : les cris sont soit l’expression d’une souffrance, soit celle d’une colère. Innombrables sont les fois où, sous l’effet de la détresse, les psalmistes crient à Dieu : Psaumes 102,1 ; 119,169, 145,19, le cœur abattu : Ps 61,2, le jour durant : Ps 86,3. De tels cris ne se feront plus entendre dans le nouveau monde préparé par Dieu aux saints. Ils seraient le désaveu que le ciel est le lieu effectif du repos et de la plénitude permanente et immédiate.
- Ni douleur : le cri provient de la douleur morale ou physique. Alors que le sort des réprouvés ne sera que regrets, souffrance et douleur : Matthieu 13,50, du fait de leur refus de la consolation que Dieu avait préparée pour eux, les élus vivront dans une joie et une allégresse continuelle : Matthieu 25,21.23. Les cris de souffrance des martyrs se tairont pour faire place à la joie de la consolation : Apoc 5,10 ; 21,4. Les rires des incrédules s’arrêteront pour se changer en pleurs : Esaïe 5,14 ; Matthieu 13,42.
La nouveauté par excellence du nouveau monde dont hériteront les élus ne tient cependant pas d’abord dans les changements heureux qui affecteront leur condition. Elle est d’abord dans le fait que, enfin, selon le désir originel qui était le Sien, Dieu Lui-même habitera avec les humains : v 3. Présent dès la création, ce projet de Dieu de cohabiter avec les hommes apparaît en effet comme un fil rouge qui traverse toute la révélation. Nous le retrouvons :
- dans le paradis de la genèse, dans lequel nos parents étaient l’objet des visites régulières de Dieu : Genèse 3,8
- au temps de Moïse, avec le tabernacle dont une partie, le Saint des saints, était le lieu de la présence glorieuse de Dieu : Exode 40,34 à 38
- dans le temple construit par Salomon : 1 Rois 8,10 à 13
- dans la personne de Jésus, Son Fils, par lequel Dieu Lui-même habite avec nous : Matthieu 1,23 ; Jean 1,14
- dans l’Eglise, par le Saint-Esprit, en habitant le cœur des croyants : Matthieu 28,20 ; 18,20 ; Romains 8,9
- lors du Millénium, à Jérusalem : Apoc 19,4 ; Esaïe 2,1 à 5
La 7ème étape de la mise en œuvre de ce projet de Dieu sera la dernière ! Créée à l’image de Dieu, transformée par l’Esprit de gloire en gloire à l’image de celle de Christ, l’humanité nouvelle connaîtra Dieu face à face dans une communion immédiate, permanente et éternelle. Le nouveau ciel et la nouvelle terre présents, il n’y a désormais plus rien de neuf à attendre. Dieu, qui est l’Alpha de la création qu’Il a inaugurée dans la genèse, en est aussi ici l’Oméga, au travers de sa réalisation finale : v 6.
« Un parallélisme étonnant se constate entre le premier et le dernier livre de la Bible. L’Ecriture ressemble à une fleur : dans la Genèse, on trouve la graine ; puis, dans les livres qui suivent, la plante croît pour s’épanouir en fleur magnifique dans l’Apocalypse. Notons les parallèles qui rapprochent ses deux livres :
- La Genèse nous apprend que Dieu a créé le ciel et la terre. L’Apocalypse décrit les nouveaux cieux et la nouvelle terre.
- Dans la Genèse, les luminaires célestes sont appelés à l’existence. Dans l’Apocalypse, on peut lire que la ville n’a besoin ni du soleil, ni de la lune pour l’éclairer ; car la gloire de Dieu l’éclaire et l’Agneau est son flambeau : Apoc 21,23
- La Genèse décrit un paradis qui a été perdu. L’Apocalypse, un paradis restauré.
- La Genèse parle de la ruse et du pouvoir de Satan. L’Apocalypse nous dit que le diable a été lié et sera jeté dans l’étang de feu et de soufre.
- La Genèse nous raconte que l’homme doit s’enfuir de devant Dieu et se cacher loin de Sa face. L’Apocalypse nous révèle qu’il existe une communion des plus intimes entre Dieu et l’homme racheté.
- La Genèse nous montre l’arbre de vie gardé par un ange qui empêche l’homme de l’approcher. L’Apocalypse redonne à l’homme l’accès à l’arbre afin qu’il ait droit à la Vie : Apoc 22,14 : W. Hendrinksen »
3. La nouvelle Jérusalem : v 9 à 27
Introduite dès le début du chapitre : v 2, la nouvelle Jérusalem, centre de la nouvelle création, occupe désormais tout le champ de vision de Jean. Un ange, déjà connu par Jean, se propose de la lui faire visiter. Faisons avec lui le tour de la ville pour en contempler la beauté et en découvrir le symbolisme : cf Psaume 48,13-14 :
- La ville nous est présentée à deux reprises comme l’épouse de l’Agneau, une mariée magnifique, parée pour son mari : v 2 et 9. Esaïe déjà, avait eu en son temps, la vision de l’avenir glorieux réservé à Jérusalem, épouse délaissée, puis rappelée par son époux : Esaïe 54,4 à 6 ; 62,1 à 5. Si l’Epouse de l’Agneau nous est présentée ici sous les traits d’une ville, la Jérusalem nouvelle, y habiteront tous ceux qui, au cours de l’histoire, auront par la foi été incorporés à l’Israël de Dieu : Matthieu 8,11 ; Romains 11,17-18 ; Galates 6,15-16.
- L’éclat de la ville est celui d’une pierre de jaspe, transparente comme du cristal. Alors que les murs des villes et des maisons sont habituellement construits pour protéger leurs habitants du regard extérieur, ici tout est à nu et à découvert. La ville, dit Jean, avait la gloire de Dieu : v 11. Tout ce qui y sera dit, fait, pratiqué Le magnifiera sans exception. Il n’y a dons aucune raison de cacher quoi que ce soit, au contraire !
- Elle est entourée d’une grande et haute muraille de 144 coudées (70 m environ) : v 12 et 17. La muraille est elle aussi en jaspe : v 18. La muraille n’a pas pour but de protéger la ville contre d’éventuels ennemis, mais pour souligner la parfaite sécurité dont jouissent ceux qui y habitent. Le salut de Dieu est la muraille et le rempart de ceux qui en sont l’objet : Esaïe 26,1.
- La ville a, taillée dans la muraille, 12 portes d’entrée, trois par points cardinaux, aux noms des douze tribus d’Israël : v 12 et 13 ; Ezéchiel 48,30 à 35. Le nom des douze tribus gravés sur les portes indique que seuls des gens du peuple de Dieu, des fils d’Abraham, sont autorisés à passer par là. Les portes étaient comme douze perles : v 21. A aucun moment, elles n’étaient fermées, mais toujours ouvertes : v 25, ce qui indique que la cité ne craignait ni souillure, ni danger : v 27. Par elles, entrera de manière continuelle le tribut des nations apporté à la gloire et à l’honneur de Dieu : v 26.
Bien que nous serons au ciel tous membres du peuple de Dieu, la nationalité ne disparaîtra pas pour autant. L’humanité continuera à exister sous la forme de peuples et de nations différentes. Nous serons ses peuples, est-il dit au v 3. Chacun de nous, selon le rang qu’il occupera, exercera des responsabilités glorieuses au sein de la nation à laquelle il appartiendra : Luc 19,17-19.
- La muraille de la ville avait douze fondations, aux noms des douze apôtres du Christ : v 14. Toute notre foi, affirme Paul, est construite sur le fondement des apôtres, Jésus-Christ en étant la pierre angulaire : Ephésiens 2,20. Chaque fondation est caractérisée par une pierre précieuse, dont on retrouve la correspondance sur le pectoral du souverain sacrificateur de l’ancienne alliance : v 19 à 21 ; Exode 28,15 à 20 ; cf Esaïe 54,11
« Les noms des douze tribus mêlés à ceux des douze apôtres dans la nouvelle Jérusalem témoignent de la continuité du peuple de Dieu de l’ancienne à la nouvelle alliance : A. Kuen. Cette combinaison des douze tribus et des douze apôtres est une manière de dire que l’ancien Israël et l’Eglise chrétienne sont unis dans l’état final des choses selon Dieu. Cette vérité a été plus d’une fois soulignée dans le Livre et elle l’est une fois de plus dans ces dernières scènes : L. Morris. »
- La ville a une forme cubique. Chaque arête mesure environ 2 000 kms. La ville est de plus toute entière en or pur : v 16 et 18. La taille de la ville et sa beauté témoignent qu’elle surpassera de loin en gloire et en puissance tout ce qu’on a pu connaître comme métropole jusqu’alors. Si Jésus est le Roi des rois, la Cité d’où Il régnera pour toujours est la Ville des villes.
- La ville n’a pas de temple. Un tel lieu de culte et de rencontre avec Dieu est désormais inutile. Dieu, présent partout, immédiatement accessible à chaque instant, est désormais le temple nouveau et suffisant du peuple de Dieu : v 22. Dans la cité nouvelle, il n’y aura plus de séparation entre sacré et profane ou entre lieu saint et lieu très saint. La présence d’un temple ne se justifie en effet qu’à cause de séparations dues au péché. Le péché n’existant plus, la présence de Dieu, summum de la sainteté : Esaïe 6,3, est le temple dans lequel se tiennent continuellement tous les rachetés.
- La ville n’a plus besoin du secours d’un luminaire extérieur pour être éclairée. La gloire de Dieu l’illumine et l’Agneau est le flambeau qui l’irradie : v 23. C’est à Sa lumière, la lumière de Son exemple, de Son caractère, Lui qui fut à la fois homme et Dieu, que les nations désormais marcheront : v 24. Dès lors comment le monde pourrait-il aller mal ?
Béni soit Dieu pour la vision glorieuse de la cité et du royaume qu’Il a préparés pour le bonheur de tous Ses saints !
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