vendredi 3 février 2012

Joie dans le ciel, carnage sur la terre : Apocalypse 19

1. Introduction :

Après les lamentations et les pleurs des rois, des marchands, des marins pleurant la chute et la ruine de Babylone la Grande, l’apôtre Jean est transporté au ciel où éclate la joie de tous ceux qui s’y trouvent. Le contraste saisissant entre les deux chapitres met en lumière la justesse de l’avertissement donné par Jésus au temps où il était dans ce monde : Luc 6,20 à 26. Les pauvres de ce monde, riche des richesses de Dieu, se réjouissent à la chute du système responsable de leur pauvreté. Les riches de ce monde, pauvres des biens du royaume de Dieu, n’ont quant à eux que leurs yeux pour pleurer.

Les sentiments exprimés lors de la chute de Babylone mettent en lumière la nature des biens auxquels les cœurs sont attachés. Les vraies richesses ne sont pas celles qui se trouvent dans les coffres-forts sécurisés des banques. Elle sont les capitaux que les croyants possèdent en Christ, que ni le temps, ni les voleurs, ni la ruine ne peuvent atteindre : Matthieu 6,19 à 21.

2. Alléluia :

Quatre alléluias puissants ponctuent la joie qu’expriment les habitants des cieux à la vue de la ruine de la grande cité :

1er alléluia : v 1 et 2 :

Le premier alléluia salut la justesse du jugement rendu par Dieu contre la cité ruinée. Rappelons que, si c’est la bête et les dix cornes à son service qui ont mis fin à l’existence de Babylone, c’est Dieu lui-même qui a mis dans leur cœur ce dessein : Apoc 17,15 à 17. Dans Sa souveraineté, Dieu est capable d’utiliser Ses pires ennemis pour accomplir Ses plus grands desseins. C’est avec raison que les habitants du ciel célèbrent ce premier acte de jugement de Dieu qui sera bientôt suivi par d’autres.

La raison de la joie des habitants du ciel ne tient pas seulement à la ruine de Babylone la Grande. Par elle s’opère aussi la vengeance des martyrs de la foi dont le sang versé n’avait encore jamais été rétribué : cf Apoc 6,9 à 11. Car, rappelons-le, outre son caractère économique, Babylone a été dans l’histoire l’instigatrice majeure de la mise à mort des témoins de Dieu et de Christ : Apoc 17,6.

2ème alléluia : v 3 :

Le 2ème alléluia célèbre le caractère définitif du jugement opéré. La ruine de la cité glorieuse est totale. Le système économique et antichrétien qui a prévalu jusque là n’existe plus et n’existera plus. Il ne se relèvera pas. La fumée de sa ruine s’élèvera aux siècles des siècles.

On le voit aujourd’hui dans le monde ! Rien n’est plus décourageant pour ceux qui se sont battus pour une cause qui leur paraissait juste de voir s’édifier sur les ruines du système qu’ils ont contribué à abattre un autre qui finit par lui ressembler. Ce phénomène témoigne que le monde est totalement incapable de se réformer. Il ne fait au cours des siècles que répéter et reproduire les mêmes schémas. Seuls le jugement de Dieu et l’instauration de Son règne mettront un terme définitif aux incessantes répétitions désastreuses du système babylonien.

3ème alléluia : v 4 et 5 :

Le 3ème alléluia est prononcé par les 24 anciens, représentants des élus des deux alliances, et les quatre êtres vivants, représentants de toute la création de Dieu, dont Jean eut la vision devant et autour du trône de Dieu : Apoc 4,4 à 8. L’alléluia qu’ils prononcent (qui signifie Loué soit Dieu) est précédé d’un vibrant « Amen » destiné à souligner avec force l’affirmation qui vient d’être dite. « Oui, disent en quelque sorte tous les représentants des élus et des rachetés de Dieu, il en est bien ainsi. Une étape est désormais franchie. Il ne sera plus possible pour quiconque de revenir en arrière, de restaurer et de rebâtir l’ancien système qui vient de s’écrouler. Une nouvelle étape s’ouvre maintenant !

En confirmation de l’Amen prononcé, du trône de Dieu même se fait entendre une voix invitant tous les serviteurs de Dieu à Le célébrer. Enfin, la grande attente et l'espérance de tous les saints de tous les temps sont sur le point de se réaliser !

4ème alléluia : v 6 à 8 :

Le 4ème alléluia, prononcé par la grande foule de tous les rachetés, célèbre la nouvelle étape tant attendue par tous ceux en qui habite la foi en Jésus : l’établissement du règne effectif de Dieu inauguré par les noces de l’Agneau.

Le 4ème alléluia ferme la porte de ce qui vient de se produire sur terre et ouvre celle qui donne sur ce qui va s’établir au ciel. Les noces de l’Agneau, qui célèbrent l’union spirituelle définitive entre le Christ et Son Eglise, étaient impossibles sans le jugement de Babylone, la prostituée, mélange d’ivraie et de blé, de vrai et de faux : cf Matthieu 13, 47 à 50. La moisson venue, la séparation définitive peut s’opérer. Ne restent dans la salle des noces que ceux qui ont l’habit de justice requis : v 7 et 8 ; Matthieu 22,11 à 14.

L’image du mariage est une comparaison qui a souvent été utilisée pour illustrer l’union que Dieu entendait vivre avec Son peuple : Jérémie 2,1 à 3 ; Osée 2,4 ; Esaïe 54,6 ; 50,1. Dans plusieurs paraboles, Jésus a utilisé les fêtes entourant les noces de Son temps comme une illustration de la félicité de l’union de Dieu avec les Siens dans le royaume messianique : Matthieu 22,1 ; Luc 12,36 ; 14,8. Lui-même se désignera à plusieurs reprises sous les traits de l’Epoux venu chercher Son épouse : Luc 5,33 à 35. Illustrant ce qu’est l’Eglise, Paul emboîtera le pas à Jésus sur le même sujet. L’union de Christ avec les Siens est pour lui un mystère comparable dans sa profondeur et sa proximité à l’union de l’homme et de la femme dans le mariage : Ephésiens 5,21 à 33.

Le 4ème alléluia se termine par l’ordre donné à Jean d’écrire une sentence solennelle : v 9, sous la forme d’une béatitude, la 4ème du livre : Apoc 1,3 ; 14,13 ; 16,15 ; 19,9 ; 20,6 ; 22,7. Elle rappelle que le bonheur éternel ne sera que pour ceux qui auront répondu favorablement à l’invitation de Dieu qui leur a été adressée de s’unir par la foi à Son Fils. Pour les autres, un malheur sans fin fait de remords et de souffrances sera leur part : cf Matthieu 22,1 à 14.

3. La faute de Jean : v 10

Au terme de la première partie de la vision reçue, Jean faillit commettre la faute grave de se prosterner devant l’ange porteur de la part de Dieu de Sa révélation. L’ange le reprend immédiatement. S’il possède une certaine gloire, l’ange juge totalement déplacé et malséant de la part de Jean le geste par lequel il témoigne envers lui d’une déférence qui ne revient qu’à Dieu seul. Qui que nous soyons au service de Dieu, quelle que soit l’étendue des lumières que nous avons reçu, nous ne serons jamais que des serviteurs de Dieu. Dieu seul mérite l’hommage de nos cœurs et le témoignage et la gloire du nom de Jésus seul doivent ressortir de tous nos messages. C’est là, rappelle l’ange, le but de la Parole de Dieu.

La faute dans laquelle Jean a failli tomber ici nous rappelle le danger pour chacun de nous laisser éblouir et charmer par ce qui nous dépasse en gloire, sagesse, beauté ou intelligence. Avant de s’incarner dans un système, c’est dans le cœur de l’homme que l’idolâtrie trouve ses racines. Nous sommes tous dans le danger de donner à des créatures une gloire qui ne revient qu’au Créateur : Rom 1,25. Jean l’a appris ici à sa honte. Aussi, ce n’est pas le fait du hasard s’il termine sa lettre principale aux églises par cette phrase d’avertissement : Petits enfants, gardez-vous des idoles : 1 Jean 5,20.

4. Le dernier combat :

Les noces de l’Agneau conclues, le moment est venu pour Lui de mettre un terme à la dernière poche de résistance à Son règne qui existe dans l’univers. Jean nous décrit avec force détails l’apparition qui se déroule sous ses yeux et le combat dernier du Christ menant à la victoire.

V 11 à 16 : vision du Christ :

a. Sa monture : v 11

Il est monté sur un cheval blanc. Le cheval blanc est celui qui est monté par les vainqueurs : Apoc 6,2. Si l’Antichrist l’a monté pour un temps, c’est Christ qui sera le dernier cavalier à le chevaucher. L’Antichrist a vaincu, subjugué le monde ; le Christ vient pour vaincre et subjuguer l’Antichrist.

b. Ses noms :

Six noms, dont un qui reste secret, sont ici donnés au Christ qui part en vainqueur :

- Il est le Fidèle ou le Fiable : Celui en qui toutes les promesses de Dieu s’accomplissent : 2 Cor 1,18 à 21 ; Celui qui fait l’objet de toute l’affection du Père : Luc 3,22, parce qu’il n’y a rien en Lui qui soit en contradiction avec Dieu : Hébreux 1,3.

- Il est le Véritable ou le Vrai : Celui chez qui ne se trouve aucune trace de mensonge, contrairement à son adversaire : Jean 8,44.

- Il est la Parole de Dieu, parole créatrice à l’origine : Genèse 1, Parole faite chair pour un temps : Jean 1,14, rendue ici à Sa gloire originelle. Parole de Dieu, Il est ici pour mettre à exécution la volonté et le dessein de Dieu !

- Il est le Roi des rois, celui à qui appartient la domination et le gouvernement suprêmes, pouvoir qu’Il a reçu du Père : Psaume 2, Celui devant qui tout souverain doit se prosterner et faire allégeance !

- Il est le Seigneur des seigneurs, Celui qui a autorité sur toute puissance, humaine et spirituelle : 1 Cor 8,5-6.

- Il a un nom caché : v 12. C’est le nom qui est au-dessus de tout nom : Phil 2,9, peut-être celui de Yahvé Lui-même, nom que les juifs se refusaient à prononcer !

c. Son apparence :

La description que Jean fait du Christ qu’il voit reprend plusieurs éléments de la vision première qu’il eut à Patmos : Apoc 1,12 à 16 : yeux flamboyants, épée qui sort de la bouche. Il y ajoute sur la tête de multiples diadèmes, d’un nombre sans doute supérieur à ceux de la bête : Apoc 13,1. Ces diadèmes nombreux sont les témoins de toutes les victoires remportées par le Christ, comme l’était sur la tête du roi David celle du roi de Rabba : 1 Sam 12,30.

Le Christ apparaît aussi avec un vêtement trempé de sang : v 13. Ce sang n’est plus celui de sa tunique ensanglantée par les coups reçus lors de sa passion. Il est celui de tous les sujets de la fureur de Dieu qui vont mourir dans le pressoir de Sa colère : v 15 ; Apoc 14,16 à 20. Nous devons le savoir : c’est par un véritable carnage des peuples que s’opérera le jugement final de Dieu et de son Christ sur le monde : Esaïe 30,25 ; 34,2.6 ; Jérémie 7,32 ; 19,6 ; 48,10 ; Ezéchiel 21,14 à 16.

d. Son ordre de mission :

- Après avoir offert une première fois le salut par la justice : Rom 1,17, Il vient pour juger et faire la guerre avec justice : v 12.

- Après avoir ordonné que Sa parole soit annoncée à toutes les nations : Matthieu 28,18 à 20, Il vient pour frapper par Sa Parole les nations : v 15

- Après avoir proposé d’être le bon bergers des âmes, qui donne sa vie pour leur salut : Jean 10,11, Il vient paître les nations avec une verge de fer : Psaume 2,9. Le règne du Christ ne sera pas une démocratie, mais une théocratie.

- Après avoir versé Son sang pour nous, Il vient pour fouler les peuples rebelles dans la cuve du vin de la colère ardente de Dieu : v 15.

e. Ses armées :

Le Christ ne vient pas seul mettre fin à la résistance. Il est accompagné de toutes les armées célestes, composante de l’Epouse glorieuse qui partage désormais Son sort : v 14. Tous, revêtus des habits de la justice, Le suivent chevauchant comme Lui les chevaux blancs de la victoire. Le Dieu de paix n’écrasera pas Satan seulement sous les pieds du Christ, mais aussi sous les nôtres : Genèse 3,16 ; Rom 16,20.

V 17 à 21 : le carnage du Tout-Puissant

La vision de Jean se termine par celle du carnage de la bête, du faux prophète et de toutes les armées terrestres assemblées derrière eux pour faire la guerre au Christ et Ses armées : v 19.

Comment ceux-ci furent-ils avertis du combat qui allait venir ? Le prophète Zacharie laisse entendre que leur objectif premier n’était pas d’être rassemblé dans ce lieu pour combattre le Christ. C’est contre Israël qu’elles voulaient rayer de la carte que les armées du monde entier, sous l’influence de l’Antichrist, se sont coalisées : Zacharie 12,3 ; 14,1 à 3. Mais, à la surprise générale, c’est au Christ Lui-même qu’elles auront à faire, lorsque, revêtu de sa gloire, Il posera Ses pieds sur le mont des Oliviers : v 4. La venue du Christ sera la conséquence de la détresse extrême des juifs qui se tourneront alors vers Celui qu’ils ont percé, et qu’ils reconnaîtront ici tous comme leur Messie : Zach 12,9-10.

Un fléau terrible les atteindra alors, semant la plus grande panique et la plus grande confusion de l’histoire : Zacharie 14,12-13.15. Au lieu d’être vaincu, Juda et Jérusalem s’assembleront et, soutenus par leur Christ, les juifs dépouilleront et pilleront leurs adversaires : Zach 14,14. Le Christ se chargera alors Lui-même de la bête et du faux prophète. Ils seront faits prisonniers et jetés vivants dans l’étang ardent de feu et de soufre, qui est la seconde mort : v 20 ; Apoc 20,14. Tous les autres mourront, frappés par la Parole de Dieu sortie de la bouche de l’Agneau : v 21, parole qui, s’ils l’avaient crue, aurait pu les faire vivre : 1 Jean 1,1 ; 2 Cor 2,16.

Ainsi s’achève (presque) le temps de la rébellion des hommes face à Dieu !