dimanche 11 avril 2010

Chapitre 3, 7 à 13 : lettre à l'église de Philadelphie



1. Introduction :

Après Ephèse (l’Eglise en péril de perdre son premier amour), Smyrne (l’Eglise exposée à la souffrance et à la persécution), Pergame (l’Eglise pénétrée par le mélange doctrinal), Thyatire (l’Eglise dirigée par une fausse prophétesse), Sardes ( l’Eglise réputée vivante quoique morte), c’est à Philadelphie, dans la même région de la Turquie actuelle que les autres églises que le Seigneur nous conduit ce matin, pour entrer dans l’une des étapes présentées comme l’une des plus encourageantes de l’histoire de l’Eglise : l’étape d’une Eglise, certes faible (c’est là, sur le plan de l’apparence, sa principale déficience), mais une Eglise qui, dans sa faiblesse, fait l’expérience du plein soutien de l’autorité et de la puissance de Dieu pour subjuguer même ses ennemis les plus puissants !

Nous allons, verset par verset, essayé de comprendre, comme nous l’avons fait pour les autres lettres, tout ce que, comme le dit Jean, l’Esprit veut dire et enseigner à l’Eglise d’aujourd’hui au sujet de ce qu’il dit à l’église locale de l’époque, l’église de Philadelphie !

2. Ecris à l’ange de l’Eglise de Philadelphie : v 7

Si l’Eglise locale de Philadelphie ne reçoit que des éloges, cela est peut-être dû au fait qu’elle est l’une des rares églises dans laquelle le Seigneur pouvait voir et constater avec bonheur la pratique de ce qu’il aurait aimé trouver dans toutes les autres. Philadelphie signifiait en effet « Amour fraternel ». Le nom donné à la ville ne vient pas du hasard. Selon certains historiens, la ville serait née de la réconciliation de deux frères, le roi de Pergame et celui de la province de Lydie. Lassés des guerres et des rivalités qui les opposaient, les deux rois conclurent un accord au terme duquel naîtra Philadelphie, la ville de l’amour fraternel !

« Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres ; comme je vous ai aimés, que vous aussi, vous vous aimiez les uns les autres. Si vous avez de l’amour les uns pour les autres, tous sauront que vous êtes Mes disciples : Jean 13,34-35. »

La première chose qui faisait la force de l’Eglise de Philadelphie est ce que Jésus a indiqué comme étant le signe distinctif par lequel la communauté de Ses disciples imposerait la force de son témoignage dans le monde : l’amour fraternel.

3. Les 4 qualités de l’Eglise de Philadelphie :

Comme il en est pour les autres églises, les noms sous lesquels le Seigneur se présente à l’église de Philadelphie sont fortement liés à son état et sa situation.

4 choses, présentées comme des atouts ou des qualités, caractérisent l’Eglise de Philadelphie :

a. la 1ère qualité, qui pourrait être comprise comme un handicap, mais qui, aux yeux du Seigneur, n’en est pas un, est l’état de faiblesse apparente dans lequel se trouve l’Eglise : v 8 : parce que tu as peu de puissance.

Parlant de faiblesse, il ne faudrait cependant pas se méprendre sur ce que le Seigneur entend. Trop souvent, lorsque nous parlons de faiblesse, nous chrétiens la confondons avec la médiocrité. Jamais, dans la Bible et dans les yeux du Seigneur, la médiocrité ne nous est présentée comme une qualité ou une vertu. Ce que Dieu attend de nous Ses enfants est, non la médiocrité, mais l’excellence, une justice et une sainteté qui, dira Jésus, surpassent celle des pharisiens. L’Eglise de Corinthe était une église médiocre sur le plan de son comportement et de son témoignage. A aucun moment, elle ne reçoit, comme l’église de Phildelphie, d’éloges de la part du Seigneur.

Si le Seigneur parle de faiblesse à propos de Philadelphie, c’est plutôt au regard des puissances du monde qu’il le fait. Ce que le Seigneur dit ici est qu’il connaît la situation de minorité dans laquelle se trouvent les chrétiens de Philadelphie. Il sait à quel point, à cause peut-être de leur petit nombre ou de l’absence de personnes d’influence en elle, l’Eglise paraît comme un groupuscule insignifiant aux yeux du monde. Cette faiblesse là, contrairement à celle due à la tiédeur et au compromis, n’est pas un obstacle pour le Seigneur. L’Eglise peut être dans un lieu donné très petite et minoritaire. Elle se trouve, dit le Seigneur, dans les meilleures conditions pour qu’à travers elle, comme il en était pour l’apôtre Paul quand il se sentait le plus faible : 2 Cor 12,8 à 10. Dieu manifeste Sa force !

b. la seconde qualité mentionnée comme étant une force de l’église de Philadelphie était sa fidélité à la Parole de Dieu : v 8 : parce que tu as gardé ma Parole.

Le fait de garder la Parole de Dieu peut s’entendre de deux manières qui, sans doute, devaient être présentes dans l’église de Philadelphie. La première fait référence, comme Jésus l’a souligné, à l’obéissance des chrétiens à cette Parole :

« La semence qui est tombée dans la bonne terre, ce sont ceux qui entendent la parole avec un cœur noble et bon, la retiennent et portent du fruit avec persévérance : Luc 8,15… Tandis que Jésus parlait, une femme lui dit : heureux le ventre qui t’a porté et les seins qui t’ont allaité ! Mais Jésus lui répondit : heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent ! »

Garder la Parole a cependant, dans le contexte de l’Apocalypse, un autre sens. Garder la Parole, c’est contrairement à ce qui s’est passé à Pergame et à Thyatire, conserver le bon dépôt, veiller à ce qui est enseigné sur le plan doctrinal corresponde réellement à ce que le Seigneur a voulu transmettre :

« O Timothée, garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes, et les disputes de la fausse science ! 1 Tim 6,12. Garde le bon dépôt par le Saint–Esprit qui habite en nous : 2 Tim 1,14. Je vous encourage, dit par ailleurs Jude aux chrétiens à qui il écrit, à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes : Jude v 3.

c. la 3ème qualité mentionnée après la faiblesse et la fidélité à la Parole est la loyauté envers Christ : parce que tu n’as pas renié mon nom.

Nous sommes toujours, souvenons-nous en, au temps où Jean écrit cette lettre, dans un contexte de persécution intense. Si l’Eglise était attaquée sur le plan doctrinal, elle l’était aussi, souvent, de manière violente sur le plan physique, les adeptes d’un autre culte ne voyant pas d’un bon œil la naissance d’une communauté qui ne reconnaissait comme Seigneur que le Christ.

Si le Seigneur relève la loyauté de l’église de Philadelphie envers Son nom, c’est d’abord parce que, peut-être contrairement à d’autres, les chrétiens de Philadelphie n’ont jamais accepté de céder à la pression environnante et aux exigences de ceux qui, comme cela se passe encore dans certains pays aujourd’hui, voulaient qu’ils renient leur Seigneur ou, du moins, qu’ils acceptent de partager l’hommage qu’ils lui rendaient avec d’autres divinités.

Etre loyal à Christ, ce n’est pas seulement Le confesser de sa bouche, c’est refuser que toute autre idole, entité, culte partage la place royale qu’il revient à Lui seul d’occuper dans nos cœurs.

4. la 4ème qualité que le Seigneur reconnaît à l’église de Philadelphie est la persévérance : v 10 : parce que tu as gardé la parole de la persévérance en moi.

Il y aurait eu sur le chemin de l’Eglise de Philadelphie, comme il y en a aussi sur notre chemin, mille raisons dans la course de la foi de baisser les bras ou de s’arrêter : comme le dira Paul, luttes au-dehors et craintes au-dedans. Mais l’Eglise de Philadelphie, malgré l’opposition et les vents contraires, avait persévéré et tenu bon. Elle avait gardé le cap et n’avait jamais perdu de vue les promesses merveilleuses liées à l’attachement à la Personne de Christ.

Nous pourrions penser, en voyant la faiblesse, le peu de puissance qui caractérisait l’Eglise de Philadelphie, que celle-ci ne se trouvait pas dans les meilleures conditions pour persévérer. Or, c’est justement l’inverse qui s’est produit. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le fait d’être peu nombreux, une minorité, ou de ne pas avoir d’influence n’est pas un désavantage, mais un atout pour la persévérance. C’est non dans la facilité, mais dans le creuset de la difficulté que, souvent, s’épanouit le mieux la fleur de la persévérance.

5. Les promesses faites à l’Eglise de Philadelphie :

Elles sont d’abord liées au nom que le Seigneur utilise pour s’adresser à elle. Ces noms, comme je l’ai dit, sont quant à eux étroitement liés à la situation dans laquelle se trouve l’Eglise.

1ère promesse : parce que l’Eglise de Philadelphie a peu de puissance, le Seigneur, à qui appartient la clef de David (référence à un texte du livre d’Esaïe : Esaïe 22,22)., lui promet d’ouvrir devant elle une porte que nul ne pourra fermer. Sa prédication, son témoignage seront tels que, même ses ennemis devront un jour reconnaître qu’elle n’a pas été simplement une petite communauté minoritaire, mais l’Eglise aimée du Seigneur.

C’est un encouragement pour nous qui nous sentons parfois si insignifiants dans ce monde.

2ème promesse : parce qu’elle a été fidèle au Seigneur et qu’elle a gardé Sa parole, le Seigneur, qui est le saint et le Véritable, s’engage à la garder hors de l’épreuve qui viendra sur le monde pour éprouver les habitants de la terre.

Ya-t-il ici une allusion à l’enlèvement de l’Eglise qui, comme Loth et Noé en leur temps ont été sauvés, épargnés du jugement qui venait ? C’est possible ! Croyons en tout cas que le Seigneur sait, en temps voulu, faire la différence entre les justes et les injustes et rendre à chacun selon ce que méritent leur foi et leurs œuvres !

3ème promesse : c’est celle que l’on trouve dans l’énumération des récompenses célestes qui attendent tous ceux qui font partie de Philadelphie. C’est la promesse de se trouver dans une place privilégiée dans le monde nouveau qui fera suite à celui-ci.

La récompense promise à ceux de Philadelphie nous rappelle que la gloire promise aux uns et aux autres n’est pas la même. Elle varie selon le degré de fidélité que le Seigneur aura trouvé chez les Siens, compte tenu des circonstances dans lesquelles ils auront vécu.

6. Conclusion :

Sur le plan historique, il est possible que Philadelphie représente l’étape de l’histoire de l’Eglise qui a suivi la Réforme. Il y eut, à cette époque, d’innombrables communautés clandestines qui, par la suite, donneront naissance à de grands mouvement missionnaires qui ont apporté la Parole de Dieu jusqu’au bout du monde. C’est de ces communautés et de ces mouvements que sont aussi issues les églises évangéliques qui, longtemps, on fait partie, de ce qu’un historien a appelé l’Eglise ignorée.

Parmi les figures de l’Eglise de Philadelphie, on pourrait citer de grands noms aujourd’hui respectés, mais qui, en leur temps, furent méconnus : Hudson Taylor, le conte de Zinzendorf, l’écossais Robert Haldane, Félix Neff, l’apôtre des Hautes-Alpes, William Booth (Armée du salut), Charles et John Wesley, Georges Müller (les orphelinats), Jacob Spener (les piétistes), Charles Spurgeon…

A l’Eglise de Philadelphie, faible, peu influente, soumise à de fortes pressions, le Seigneur ne donna qu’un seul mot d’ordre : reste attaché à ce que tu as pour que personne ne prenne ta couronne : v 11. Que ce mot d’ordre soit aussi le nôtre pour cette année qui débute !



Je viens bientôt !