vendredi 15 avril 2011

Apocalypse 11 : Pleins feux sur Jérusalem

La vision du temple et des deux témoins à Jérusalem : v 1 à 14

Après le premier malheur frappant l’humanité demeurée rebelle à Dieu, le second malheur nous transporte à Jérusalem, au cœur de la vie même d’Israël, le peuple de Dieu. Jean y est chargé d’une mission. Il doit prendre le roseau qu’on lui donne pour mesurer le temple reconstruit. Placé au cœur du livre de la Révélation, le temple reconstruit apparaît comme le point d’orgue des événements qui forment la trame de l’affrontement final entre la puissance de Dieu et celles des ténèbres. Tous les personnages principaux du scénario final y sont réunis : Israël et les vrais adorateurs qui s’y trouvent : v 1, les nations : v 2, les deux témoins qui sont les deux oints de Dieu : v 3 et 4, la manifestation de la puissance de Dieu : v 5 et 6, la bête : v 7, la puissance de résurrection du Christ : v 11… Jamais dans l’histoire du monde, une telle concentration de puissances spirituelles hostile l’une à l’autre n’aura été réunie sur une si petite portion de terre !

La reconstruction du temple étant le fait et la nouveauté majeure du chapitre, nous allons en premier lieu nous y arrêter pour réfléchir à sa signification.

Le temple reconstruit :

1. Survol historique du concept du temple :

C’est dans le cœur et l’esprit de David que, la première fois, l’idée bâtir un temple à Dieu a germé. Trouvant déplacé, inconvenant que lui, le roi, habite une maison de cèdre alors que Dieu n’avait pour demeure qu’une tente, David fait part à Nathan, le prophète, de sa réflexion. Nathan ne lui donne aucune consigne. Il l’invite seulement à suivre ce que son cœur lui ordonne : 2 Sam 7,1 à 3

La nuit suivante, Dieu intervient. Il ne laisse pas David aller au bout de son projet. Non point qu’il y soit opposé, mais Il ne veut pas que David se méprenne. Si une demeure doit lui être construite, ce n’est point parce que Dieu en aurait besoin. A aucun moment dans les siècles passés, Dieu n’a fait le reproche à quiconque de n’y avoir pas pensé : 2 Sam 7,4 à 7. Si Dieu donne son feu vert pour qu’un temple lui soit dressé, il en donne les conditions :

- le temple ne sera pas le projet d’un homme, mais de Dieu

- il ne sera pas construit par David, mais au temps voulu par Dieu par son fils Salomon.

Ces choses dites, c’est sous Salomon que le temple se fait et que sont définies les fonctions d’utilité qu’il aura pour le peuple dans sa relation avec Dieu :

- le temple n’est pas la véritable demeure de Dieu : 1 Rois 8,27

- c’est une sorte de pied à terre pour Dieu, un lieu fixe de rencontre entre Lui et Son peuple destiné à remplacer la demeure mouvante et fragile qu’était la tente ancienne érigée par Moïse : 1 Rois 8,10 à 13.

- Le temple représente le cœur de la vie spirituelle d’Israël. Il est le lieu de référence à partir duquel les prières du peuple qui Lui sont adressées seront exaucées : 1 Rois 8,33.35.36

- Le temple est le lieu de la présence de Dieu, lieu où se manifeste sa gloire : 1 Rois 8,11. Le signe le plus fort du jugement de Dieu sur Son peuple, montre Ezéchiel, est le moment où la gloire de Dieu quitte le temple, suite aux désobéissances répétées d’Israël et de ses chefs : Ezéchiel 8 ; 10,18-19 ; 11,22-25.

- Lorsque Jésus parut, l’Evangile (et Lui-même) Le présente comme le nouveau temple, le lieu où la présence et la gloire de Dieu se manifestent : Jean 1,14 ; 2,18 à 22.

- Jésus retourné dans la gloire, l’Eglise est présentée ensuite comme le nouveau temple : Ephés 2,19 à 22 ; 1 Tim 3,15.

Outre la préparation et la manifestation du Messie, la prophétie biblique touche également de nombreuses fois au temple. Pour Jésus Lui-même, le destin du temple comme ce qui s’y produit sont inexorablement liés aux événements qui touchent à la fin des temps : Mat 24,1 à 3.15. Selon Ses propres mots, la prophétie de Daniel est la clé permettant de comprendre ce qui touche au temple dans les derniers temps.

La prophétie de Daniel et sa signification : Daniel 9,24 à 27 :

Daniel annonce que 70 semaines (en hébreu : septaines) ont été fixées pour mettre fin au péché et établir le royaume de Dieu, soit 490 ans. Cette période est elle-même divisée en 3 sous-périodes :

a. Une 1ère période de 7 semaines, soit 49 ans, qui verra l’apparition d’un chef, ayant reçu l’onction, qui rebâtira Jérusalem, en des temps troublés : Dan 9,25. Ce chef sera Néhémie qui, au travers de maintes tribulations, réussira à terminer la reconstruction de la muraille de la ville (livre de Néhémie, Esdras, Aggée et Zacharie). Le décret promulgant la reconstruction du temple a été promulgué par le roi Artaxerxès en 445 av J-C au mois de Nisan (mars) : Néh 2,1

b. Une 2ème période de 62 semaines, soit 434 ans, se conclura par la mort du Messie qui entraînera la destruction de la ville et du temple : Dan 9,26. Sir Robert Anderson, un juriste anglais a fait le calcul qu’en l’année 445 av J-C et le mois d’avril de l’an 32 où l’on peut supposer que Jésus est mort, il s’est passé exactement 173 880 jours, soit 69 années de 360 jours, comme on les comptait à l'époque (Apoc 11,2-3 : 42 mois = 1260 jours) .

c. La dernière semaine de Daniel est divisée en deux : v 27. Au début de celle-ci, un dévastateur, qui a pour but de détruire la ville et son sanctuaire, fera mine de conclure une alliance de sept ans avec le peuple de Dieu : v 27. Puis, soudain, au milieu de l’alliance, soit au bout de 3 ans et demi, il la rompra faisant cesser sacrifice et offrande. C’est cette prophétie que nous relate en détail Apoc 11,1 à 3.

Les lumières de l’Apocalypse sur la 70ème semaine de Daniel

Il ne suffit que de quelques mots à Jean pour nous communiquer la vision qu’il a de Jérusalem et du temple à l’époque de la 70ème semaine de la prophétie de Daniel. Les mots qu’il utilise, chargés de sens, sont cependant suffisamment évocateurs pour nous dire ce qu’il en sera :

- Le temple de Jérusalem sera le lieu de tous les mélanges sur le plan spirituel. A côté des adorateurs du vrai Dieu, qui rendront leur culte dans le sanctuaire : v 1, le parvis sera rempli de gens de toutes sortes de nations venus aussi pour adorer leurs dieux à leur manière : v 2

Des efforts diplomatiques incessants sont faits depuis des décennies pour déclarer Jérusalem cité appartenant aux trois religions monothéistes : judaïsme, christianisme, islam. A l’ancien emplacement du temple, ou dans ses environs, se trouve déjà le Dôme du Rocher, mosquée construite par Abd-al-Malik en l’an 691. Outre la reconstruction du temple qu’il encouragera, le tour de force du dévastateur dont Daniel parle sera de réussir à faire cohabiter tous les cultes à Jérusalem dans une totale proximité. Le principe de laïcité, cher à la France, sera ici poussé à son apogée. La tolérance maximale sera alors alliée à la confusion la plus totale.

La spiritualité vécue au cours de la 70ème semaine de Daniel sera l’aboutissement de tous les efforts œcuméniques entrepris depuis des décennies entre les leaders des grandes religions. Le geste le plus prophétique allant dans ce sens fut sans nul doute l’initiative prise par le pape Jean-Paul II qui, à Assise en 1986, a invité tous les responsables des religions du monde à venir ensemble avec lui prier pour la paix du monde. Le pape Benoît XVI s'est engagé à renouveler bientôt l'expérience.  Au vu de cet avenir révélé, la question se pose : les troubles actuels qui agitent les pays autour de la Méditerranée ne sont-ils pas les événements préparatoires nécessaires à ce changement révolutionnaire d’état d’esprit ?

Voir : http://pleinsfeux.com/leader-musulman-veut-reconstruction-temple/

Cette unité factice, parfaitement réalisée, sera le tremplin que l’Antichrist utilisera pour commettre le plus grand péché et le plus grand blasphème qui soit : se proclamer lui-même Dieu par tous les faux croyants dans le temple même de Dieu : 2 Thes 2,3-4, ce que Jésus et Daniel désignent sous le nom d’abomination de la désolation : Mat 24,15 ; Dan 9,27 ; 11,30-31 ; 12,11. Plus que tout autre lieu, Jérusalem sera à ce moment-là la capitale internationale de l’apostasie et de la confusion, confusion qui se déclinera aussi bien sur le plan éthique et moral (allusion à Sodome) que sur le plan de l’idolâtrie (allusion à l’Egypte) : Apoc 11,8.

On pourrait croire ici qu’enfin Satan a atteint son but : cf Esaïe 14,13-14. Ce sera sans compter les ressources de Dieu. Une épine sérieuse dans le pied de l’Antichrist va lui rendre amère sa victoire : l’apparition soudaine de deux trouble-fête, revêtus de toute la puissance de Dieu qui, pendant 42 mois vont lui tenir tête et lui démontrer, si besoin est, qu’il n’est pas le plus fort, mais qu’il y a dans les cieux un Dieu qui décide de qui doit être élevé et abaissé : cf Daniel 4,22.


Les deux témoins :

a. Identité

Alors qu’Il était sur terre, le Seigneur Jésus a maintes fois usé, face aux juifs, de l’argument selon lequel la loi (ou Moïse) et les prophètes étaient le témoignage suffisant dont ils avaient besoin pour croire en Lui : Luc 16,29 à 31 ; 24,27.44 à 47 ; Jean 1,45 ; 5,46. Dans le contexte juif, la Loi et les prophètes sont les témoins les plus éminents du Christ.

Il était inévitable que face d’une part aux prétentions de l’Antichrist forçant l’entrée du temple pour se proclamer lui-même Dieu, d’autre part au syncrétisme religieux faisant de Jérusalem la capitale spirituelle du monde, Dieu mette en œuvre des moyens surnaturels puissants pour rappeler à Son peuple opprimé et au monde qui est le vrai Christ et quelle parole est la vérité. Cette mission de témoignage sera donnée aux deux principales figures de l’Ancien Testament incarnant, l’une la Loi, essence même de la connaissance et de la vérité : Rom 2,20, l’autre les prophètes, témoins visionnaires du Christ à venir : Moïse et Elie !

Mis à part le rôle joué par chacun d’eux dans l’histoire, plusieurs autres éléments témoignent de l’identité des deux hommes :

1. la puissance qui leur est attribuée : v 6. Elle était celle dont ils ont fait preuve du temps de leur ministère passé : Elie : 1 Rois 17,1, Moïse : Exode 7,17 ; 8,1

2. Ils sont les deux figures qui apparaissent auprès de Jésus sur la montagne de la transfiguration. Le sujet de leur entretien touche à son départ pour Jérusalem : Luc 9,28 à 31

3. Ils ont tous les deux vécu un départ de la terre particulier : Elie fut enlevé au ciel sans passer par la mort : 2 Rois 2,11, Moîse fut enterré par Dieu : Deut 34,5-6.

4. Le retour d’Elie est annoncé comme signe précurseur du jour de la colère de Dieu et comme moyen de restaurer l’unité de la nation juive autour de Dieu et Sa parole : Malachie 3,23-25

b. Mission

Outre le fait d’être les représentants historiques, et donc incontestés, de la loi et des prophètes, la mission des deux témoins dans cette période ultime de l’histoire sera quadruple :

1. Vêtus de sacs, ils appelleront à la repentance le peuple de Dieu et le monde : v 3. De tout temps, le sac, espèce d’étoffe grossière privée de tout raffinement, fut l’habit dont se revêtaient les prophètes ou tous ceux qui, affligés et désolés de leurs péchés, manifestaient leur contrition à cause de la situation dans laquelle leurs fautes ou celles des autres avaient plongé le peuple : 1 Chr 21,16 Néhémie 9,1 Esaïe 37,2

2. Par leur invincibilité durant les 1260 jours de leur ministère (3 ans et demi), ils seront une force d’opposition à l’Antichrist et de démonstration pour le monde que, contrairement à ses prétentions, il n’est pas le vrai Dieu.

3. Par la faiblesse sous laquelle ils se présenteront au monde, ils seront la démonstration vivante que l’œuvre de Dieu ne se fait ni par la puissance, ni par la force, mais par l’Esprit de Dieu seul : Zacharie 4,1 à 6. Jamais si peu d’hommes n’auront produit d’effets plus grands avec si peu de moyens humains.

4. Par leur fin, ils seront les témoins de la réalité de la puissance de résurrection qui est en Christ et la rappelleront au monde : Apoc 11,11. Le monde devra bien croire que la résurrection de Jésus, trois jours après Sa mort, suivie de Son ascension, ont bien eu lieu puisqu’il aura sous les yeux la répétition du même prodige : Marc 9,31.

c. Impact de leur témoignage :

Bien que bref, à l’image du ministère public de Jésus, le ministère des deux témoins aura un impact spirituel considérable sur le monde :

- il redonnera à la Parole de Dieu tout le crédit et l’autorité qu’on lui aura dénier jusqu’alors

- il validera les principaux faits qui, liés au Christ, sont à la base du témoignage rendu par l’Ecriture à Sa messianité : mort, résurrection ascension. Utilisés par l’Esprit, le passage des deux témoins convaincra le monde de péché, de justice et de jugement : Jean 16,8 à 11

- il obligera l’Antichrist, par leur assassinat, à montrer sa vraie nature : Jean 8,44.

- Il donnera gloire à Dieu et suscitera à Jérusalem, au lieu même où l’Antichrist se sera fait proclamer Dieu, la louange d’un grand nombre pour l’Eternel, le Dieu du ciel : v 13

Bien que puissante, l’Apocalypse témoigne que la force du témoignage des deux témoins n’inversera pas de façon significative la tendance du monde à l’égard de Dieu et de l’Antichrist. Au lieu de se repentir, les hommes se réjouiront de la mise à mort des deux témoins : v 10. Dans sa globalité, le monde continue à courir tête baissée vers son jugement, ce dont témoigne la conclusion du passage consacré aux deux témoins : v 14.

La 7ème trompette : v 15 à 19

Alors que la mise à mort des deux témoins, devant les caméras du monde entier, fait passer l’Antichrist comme un dieu tout-puissant, le chapitre 11 se conclut par la proclamation au son de la 7ème trompette de la prise de pouvoir du royaume du monde par le Seigneur et son Christ. Apprenons de la contradiction totale qui existe entre ce qui est apparent sur terre et ce qui est réel dans les cieux ! Sur terre, tout semble contredire ce qui est dit, affirmé, proclamé dans le ciel. Dans le ciel, rien de ce qui paraît sur terre n’est pris pour vrai. Seule la foi peut faire que, quoique vivant sur terre au milieu même du mensonge, le croyant vive et se réjouisse des faits et des réalités qui sont au ciel ! C’est à quoi sera appelé le peuple de Dieu en ce temps où, plus que jamais, humainement vu, les ténèbres sembleront triompher.

Alors qu’un profond silence précéda l’ouverture du 7ème sceau, un hymne glorieux accompagne le son de la 7ème trompette. L’heure de la colère de Dieu est venue, heure où le mal, et ceux qui le représentent, l’incarnent, le pratiquent et le suivent, vont être jugés. C’est aussi l’heure, disent les anciens, où les justes, les serviteurs de Dieu, le saints de tous les temps vont être récompensés ! N’y a-t-il pas là plus grands sujets de joie !


Je viens bientôt !