1. Suite de la visite de Jérusalem :
Après les fondements et le pourtour de la ville, l’ange continue à guider Jean dans sa visite de la Jérusalem nouvelle. Nous pénétrons avec lui cette fois-ci au cœur même de la cité, lieu duquel sort le fleuve porteur de la Vie qui circule en son sein. La description de ce lieu vital de la nouvelle création renvoie inévitablement au souvenir du berceau même de l’humanité, le premier paradis : Genèse 2,8 à 10. Des éléments communs s’y retrouvent, tandis que d’autres, nouveaux, y figurent pour la première fois. Cherchons à comprendre cette vision dernière dont Jean est l’objet !
2. Le cœur de la ville : le paradis céleste : v 1 à 5
a. le fleuve d’eau vive :
La présence d’un fleuve est commune aux deux paradis présentés dans la Bible. Le premier fleuve sortait d’Eden et se divisait en quatre bras : Genèse 2,10. L’idée commune aux deux paradis est que la Vie qui anime la création de Dieu n’a sa source qu’en Dieu. Alors que le premier fleuve sortait d’Eden, c’est du trône même de Dieu et de l’Agneau que jaillissent les eaux de la Vie qui circulent dans la Cité nouvelle : v 1.
L’image nous rappelle une vérité énoncée par Jésus en Son temps : Jean 7,37-39. Cette vérité est que la vie de Dieu est la source même de la vie. Qui la reçoit possède une vie inaltérable, inépuisable. Il est affranchi de la servitude à laquelle sont soumis les hommes qui en sont privés : celle qui consiste à devoir marcher et errer sans cesse à la recherche de puits qui puissent les désaltérer : Jérémie 2,13 ; 17,13. Jamais il ne se produira dans la cité céleste ce que bon nombre de régions du monde connaissent aujourd’hui : des pénuries d’eau. Aussi longtemps que durera le trône de Dieu, jaillira de lui l’eau de la vie, symbole d’abondance, de santé et de prospérité : Psaume 1,3 ; Esaïe 35,5-6 ; 41,17 à 20 ; Jérémie 17,7-8.
La vision de Jean du fleuve d’eau vive sortant du trône de Dieu corrobore celles reçues par les anciens prophètes : Joêl 3 (ou 4), 18 ; Ezéchiel 47,1 à 9 ; Zacharie 14,8.
b. l’arbre de vie :
Jean retrouve dans la vision du second paradis l’Arbre de vie présent dans le premier : Genèse 2,9. L’arbre de la connaissance du bien et du mal, placé dans le premier paradis pour éprouver nos premiers parents, a quant à lui disparu. La liberté des élus n’a plus à être éprouvée. Ils ont fait le choix d’appartenir à Dieu par Christ. Leur sort est désormais, non plus de choisir, mais de vivre en plénitude le choix qu’ils ont fait étant encore pécheurs.
L’Arbre de vie semble partout dans la ville : au milieu de la grande rue de la ville et sur les deux bords du fleuve. Peut-être est-il décliné en de nombreux arbres : Ezéchiel 47,12. Tous, cependant, possèdent la même vie, sont issus de la même souche. Abreuvés aux eaux limpides du fleuve de vie, l’Arbre de vie produit des récoltes continuelles de fruit. Alors que, suite à la désobéissance, l’accès à l’arbre de vie fut fermé : Genèse 3,22, ici il ne suffira que de tendre la main pour être servi et nourri.
Les fruits de l’arbre de vie ne sont cependant pas les seuls éléments utiles et bienfaisants à la nouvelle humanité. Les feuilles de l’Arbre révéleront des propriétés inconnues jusqu’alors. Elles serviront, dit Jean, de remèdes thérapeutiques en vue de la guérison des nations : v 2, cf Ezéchiel 47,12. Notons qu’avant que le péché ne s’introduise dans l’humanité, il n’est jamais fait mention de ces propriétés. Les propriétés des feuilles de l’Arbre de vie ne se manifestent que pour une seule raison : guérir l’humanité rachetée des marques et des séquelles qu’aura laissé le péché.
La mention des propriétés curatives des feuilles de l’Arbre de vie induit plusieurs vérités. La première est que, comme nous l’avons déjà vu dans le chapitre précédent : Apoc 21,24, le concept de nations perdurera au sein de la nouvelle humanité. La seconde est que, semble-t-il, la perfection à laquelle nous sommes appelés ne s’acquerra pas d’un coup. L’histoire des peuples, surtout dans la période finale, aura été un tel traumatisme que ceux qui passeront brutalement de ce monde à l’autre devront se soumettre à un processus de rétablissement et de guérison progressif, jusqu’à ce qu’il ne reste plus chez quiconque de trace des blessures anciennes. La guérison progressive des nations est à inscrire dans le même ordre d’idée que la consolation personnelle que Dieu apportera à tous ceux que la souffrance et le chagrin auront marqué : Apoc 21,4.
c. Les choses qui seront et ne seront plus :
L’apôtre Jean termine sa description du paradis par l’énumération des choses anciennes qui ne seront plus et des nouvelles qui y seront. Il n’y aura plus dans le paradis nouveau :
- de malédiction ou d’anathème : ce sera le lieu de la totale bénédiction
- de nuit, de lampe, de lumière extérieure : le Seigneur sera la lumière qui éclairera chacun et toutes choses : ce sera la parfaite illumination.
Il se trouvera, par contre, dans le paradis nouveau :
- le trône de Dieu et de l’Agneau : il y aura une parfaite administration
- un service et une soumission entière de chacun à Dieu : ce sera un lieu de parfaite adoration
- un face à face permanent avec Dieu : tous verront Sa face : chacun vivra une totale transformation : cf 2 Cor 3,18
- une appartenance entière de chacun à Dieu : Son nom sera sur leur front : ce sera une parfaite identification : 1 Jean 3,2
- une association harmonieuse et éternelle avec Dieu dans l’exercice de la royauté : ils régneront avec Lui à jamais : ce sera le lieu de la parfaite collaboration entre Dieu et Ses créatures.
Sainteté, lumière, vie et amour sont dans les écrits de Jean les vertus majeures qu’il prête à Dieu. Nous les retrouvons ici présentes, vivantes et dominantes dans l’atmosphère spirituelle dans laquelle baigneront pour l’éternité les rachetés. Que Dieu nous donne déjà maintenant d’y prendre goût !
3. Epilogue du livre : v 6 à 21
Les dernières paroles du livre sont porteuses de différents messages :
1er message : un certificat d’authenticité
Trois signatures différentes valident l’authenticité de la Révélation transmise par Jean
- v 6 : celle de l’ange. Il atteste à la fois de la véracité des paroles transmises et de la validité du mandat qu’il a reçu de la part de Dieu pour cette mission. La Révélation de l’Apocalypse est en plein accord avec celle transmise par les prophètes anciens. Le même Dieu en est l’auteur. Contrairement aux prophètes qui devaient garder scellées et fermées les paroles qu’ils avaient reçus : Daniel 12,4, Jean reçoit l’ordre de divulguer les messages qui lui ont été transmis et de les porter à la connaissance du plus grand nombre : v 10. La raison en est que le temps de leur accomplissement n’est pas éloigné, comme il en était pour Daniel, mais proche.
- v 8 : par Jean. Jean prend sur lui la totale responsabilité de ce qu’il a transmis. L’Apocalypse a l’imprimatur de l’autorité apostolique. Jean n’est pas n’importe qui. Il est reconnu parmi les douze comme le disciple le plus proche de Jésus : Jean 13,23 ; 20,2 ; 21,7.20.
- v 16 : par Jésus. Jésus ajoute à l’autorité de son nom une menace directe à qui viendrait l’idée de falsifier le contenu même du message du livre, en y ajoutant ou en retranchant quelque chose : v 18 et 19. Un tel acte de profanation vaudrait à son auteur d’encourir une double sentence : celle de subir les fléaux décrits dans le livre et de se voir privé de la Vie de Dieu et de la ville sainte.
Le but de l’injonction donnée ici est d’attester de manière formelle que l’Apocalypse est bel et bien la Parole sortie de la bouche de Dieu. Nul n’a le droit, comme pour les autres paroles de Dieu, d’y toucher d’une manière ou d’une autre : Deut 4,2 ; 12,32. Car le faire, c’est non seulement manquer de respect envers son auteur, mais déformer Sa pensée même.
2ème message : une promesse
Elle est unique et apparaît à trois reprises dans l’épilogue du livre. Je viens bientôt :
- v 7 : promesse faite aux serviteurs de Dieu qui s’attachent à la Révélation
- v 12 : la promesse est adressée aux lecteurs du livre. Qu’ils sachent que le retour du Seigneur, Sa manifestation en gloire seront le moment de la rétribution pour chacun !
- v 20 : promesse de conclusion du livre. Quiconque le lit n’a qu’une seule chose à faire : se préparer à affronter les réalités qu’il présente.
3ème message : un mot d’ordre : v 11
La Révélation étant conclue, quel mot d’ordre final chacun doit-il retenir ? Il nous est donné ici. Le temps de la rétribution de chacun approchant, Dieu nous appelle à vivre de façon pleine et conséquente avec nous-mêmes. L’heure n’est plus aux tergiversations, à la demi-mesure ou au compromis. Puisque nous avons choisi quelle sera notre part, avec ou sans Dieu, lié à Sa nature ou détachée, alors vivons pleinement selon ce choix :
- que celui qui est injuste en profite pour pratiquer au maximum l’injustice
- que celui qui aime la souillure continue à se salir
Mais :
- que le juste s’attache, au contraire, à s’affermir dans la justice
- que celui qui a commencé à vivre dans la sainteté continue à se consacrer corps et âme en vue d’elle.
Le mot d’ordre donné par le Seigneur laisse entendre une vérité. Elle est que la connaissance de l’imminence de la fin de toutes choses ne va pas faire changer la position morale et spirituelle des uns ou des autres, mais plutôt l’enraciner. Nous avons tort de croire que le pressentiment de la fin des temps soit en mesure de modifier de façon radicale la position des pécheurs rebelles à Dieu jusqu’alors. L’Apocalypse et l’expérience le démentent : Apoc 9,20.21 ; 16,9.11 ; 1 Cor 15,32. Si les injustes et les pécheurs se radicalisent dans leur position, l’appel de Dieu est que les justes et les saints fassent de même. Que suscite en moi la perspective proche du retour de Jésus et de la conclusion de ce monde ?
4ème message : à la croisée des chemins : v 14 à 15
Tant que nous sommes dans le temps, il est possible à chacun de changer encore de voie. Vient le moment où cette possibilité n’existe plus ! Elus et damnés entendront alors de la bouche de Dieu un mot résumant à lui seul le futur de leur condition :
- Heureux : ce mot de Dieu sera adressé à tous ceux qui auront travaillé à se présenter devant Dieu purifié de leurs souillures
- Dehors : ce mot de Dieu sera adressé à tous ceux qui, au contraire, auront tant aimé le péché qu’il en sera devenu leur identité
Notons qu’au départ, les justes n’étaient pas mieux dotés que les maudits. Les mêmes penchants mauvais habitaient chez les uns comme chez les autres. La différence à l’arrivée tiendra uniquement à la façon avec laquelle chacun aura réagi à l’égard de sa propre nature. L’aura-t-il combattue ou nourrie ? Aura-t-il cherché à être lavé ou habité par son péché ? Ici réside la croisée des chemins de chacun : Matthieu 7,13-14.
4. Conclusion :
Une double conclusion marque la fin du livre :
1. Une erreur à ne pas faire : v 8 et 9
Aussi puissant et glorieux soit le messager de Dieu, il ne doit jamais nous fasciner au point de détourner l’adoration de notre cœur à son profit. L’ange qui a communiqué les révélations de l’Apocalypse à Jean le reprend sévèrement pour la tentation à laquelle il cède. Comme il en est pour Jean-Baptiste, la mission de chaque serviteur de Dieu atteint son but lorsqu’elle amène les gens à se détacher de lui pour s’attacher plus fortement à Dieu et à Christ : Jean 1,35 à 37.
2. Une même invitation lancée dans toutes les directions : Viens : v 17 et 20
- Elle est d’abord adressée par l’Esprit et l’Epouse à Christ : v 17
- Elle est proposée comme prière aux lecteurs et auditeurs du message : v 17. L’appel est entendu. Le Seigneur le promet : Il vient : v 20.
- Elle est adressée enfin à tout pécheur afin qu’il saisisse, tant qu’il en est encore temps, le salut gratuit qui lui est proposée : v 17
Le livre se termine en nous rappelant la double identité de Jésus, Celui qui en est l’objet :
- Il est l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin, l’Eternel : v 13 ; Esaïe 44,6
- Il est aussi le rejeton et la postérité de David, le Fils de l’homme promis : v 16 ; Matthieu 1,1.
- Il est l’étoile resplendissante du matin, Celui par qui le jour et la lumière sont venus sur l’humanité plongée dans les ténèbres !
Que la grâce du Seigneur Jésus, notre Dieu Sauveur, soit avec nous : v 21 !