vendredi 6 janvier 2012

La prostituée et la bête : chapitre 17

A. Retour en arrière

Dans ce chapitre et le suivant, l’un des sept anges porteurs des coupes de la colère de Dieu revient pour explication à l’un des éléments mentionnés dans le fléau final, celui par qui se parachève le jugement du monde. Cet élément est la mention de Babylone la Grande, ville sur laquelle se concentrera en particulier la coupe de la colère ardente de Dieu : Apoc 16,19. Qu’est-ce que Babylone la Grande ? Que symbolise-t-elle dans l’histoire ? A quoi peut-elle être identifiée ? C’est ce à quoi ce chapitre répond !

B. Babylone la Grande

1. Une prostituée

C’est sous les traits d’une prostituée que Dieu illustre ce que représente à Ses yeux Babylone la Grande. Dans le langage biblique, la prostituée n’est pas une femme étrangère. La prostituée qualifie le peuple de Dieu quand il abandonne Dieu pour verser dans l’idolâtrie : Esaïe 1,21 ; Jérémie 13,27, Lévitique 17,7 ; 20,5 ; Ezéchiel 16 et 23. La prostituée infidèle est l’antonyme même de l’épouse fidèle. Si l’Epouse représente l’Eglise : Apoc 19,7, la prostituée incarne le système religieux qui, issu du christianisme, portera son nom mais Lui aura été, tout au long de l’histoire, toujours infidèle

2. Une prostituée liée aux grands de ce monde

Ce que le Christ a toujours refusé, l’alliance avec les grands de ce monde : cf Mat 4,8, la prostituée le pratiquera à grande échelle. Partout où elle ira, la prostituée utilisant ses charmes sera, non seulement reçue par les grands, mais contractera des alliances avec eux. La prostituée se présente ainsi comme un élément incontournable de l’échiquier du pouvoir.

3. Une prostituée assise sur de grandes eaux

L’ange lui-même donne plus loin l’explication de l’image : v 15. Elle témoigne que l’influence de la prostituée sur le monde ne se limite pas au cercle des grands, mais qu’elle s’étend à tous les peuples. La puissance de séduction de la prostituée est catholique ou universelle. Tous les habitants de la terre, dit l’ange, sont ivres du vin de sa prostitution : v 2 ; cf Jér 51,6 à 8.

4. Une prostituée au riche apparat : v 4

Une autre caractéristique de la femme est la richesse avec laquelle elle est apprêtée. Ses vêtements sont faits de pourpre et d’écarlate. Elle est parée d’or, de perles et de pierres précieuses diverses et magnifiques : v 4. Babylone la Grande porte en elle toutes les caractéristiques de l’église de Thyatire, de laquelle venait la confection de la pourpre : Actes 16,14 ; Apoc 2,18 à 25. L’Eglise de Thyatire laissait une femme, fausse prophétesse égarer les serviteurs de Dieu et les pousser à la prostitution par l’idolâtrie : Apoc 2,20-21. Or, Dieu a prédit à Thyatire, comme à Babylone, un châtiment particulier et exemplaire : Apoc 2,22-23. Thyatire représente, dans le développement de l’histoire de l’Eglise, le catholicisme avec toute sa pompe et sa richesse.

5. Une prostituée avec une coupe pleine d’abominations : v 4

Les abominations et les impuretés que boit la prostituée représentent les pratiques idolâtres dont elle se repaît. Il est connu que pratiquement tous les rites et les articles de foi non bibliques que professe l’église catholique ont leur source dans les anciens cultes babyloniens (voir « les deux Babylones : Alexandre Hislop ») : le culte de la Vierge et de l’enfant, les fêtes de Noël et de Pâques (avec les œufs), le purgatoire, l’hostie, les habits des prêtres, etc…) La ressemblance entre la messe catholique et le culte babylonien est telle qu’elle n’aurait pas dépaysée un de ses adeptes.

6. Une prostituée au nom évocateur : v 5

Si les élus de Dieu portent la marque du sceau de Dieu sur leurs fronts : Apoc 7,3, Babylone porte elle aussi sur le sien le titre spirituel qui lui revient : Babylone la Grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre. Non seulement Babylone est une prostituée, mais elle est elle-même l’initiatrice, la source de toutes les idolâtries spirituelles et toutes les abominations que la terre a portées.

Seule la genèse de l’histoire permet de donner une justification au titre que porte Babylone la Grande. Le premier roi de Babylone, mentionné par la Bible, est Nimrod : Genèse 10, 8 à10. Nimrod régnait sur le pays de Shinear, lieu où se conçut le projet insensé de la construction d’une ville avec en son centre une tour atteignant les cieux, qui seraient un défi à Dieu. Babylone (qui signifie la porte des cieux) est cette ville construite par Nimrod. Or, le projet de Nimrod dépasse le simple cadre architectural. L’objectif de Nimrod est d’unir l’humanité autour d’un projet fédérateur, dont Babylone serait le centre : Genèse 11,4. Nimrod apparaît dans l’histoire comme le père de l’universalisme et de la mondialisation, à la fois politique et religieuse.

L’opinion de Dieu sur le projet de Nimrod est sans équivoque. Il n’est pas bon, contraire à sa pensée : Genèse 11,6. Non que Dieu soit contre l’unité de la race humaine, mais contre la façon de Nimrod de vouloir la construire. Le projet de Nimrod excluait Dieu et la diversité. Gommant la variété et les différences, il passait par l’uniformisation de la pensée et du langage. Le système de Nimrod ne pouvait qu’être totalitaire. Il excluait et condamnait à l’avance tout ce qui serait à sa marge.

La réponse de Dieu au système de Nimrod sera la bénédiction promise à tous les peuples au travers d’Abraham : Genèse 12,1 à 3. Ce ne sera pas Babel (un seul langage, un seul mode de pensée), mais la Pentecôte : l’unité par l’Esprit de Dieu dans le respect de la diversité : Actes 2,1 à 11, projet qui verra son accomplissement ultime dans le royaume de Dieu : Apoc 7,9-10. Malgré la destruction du projet de Nimrod, l’esprit de celui-ci perdurera tout au long de l’histoire. Tout système religieux ou politique englobant en est l’expression. Comme à la genèse des temps, leur fin sera marquée par l’esprit babylonien : le désir de construire une unité politique et religieuse dans laquelle tous les peuples seraient intégrés au prix de leur identité. C’est ce système que le Seigneur, comme Il l’a fait déjà une fois, détruira au jour de Sa colère.

7. Une prostituée persécutrice des saints et des témoins de Jésus : v 6

C’est à la connaissance de cet élément que l’étonnement de Jean sur l’identité de Babylone la Grande sera à son comble : v 6. Les 20 derniers siècles de l’histoire le prouvent malheureusement abondamment. Si d’autres systèmes ont mis à mort les chrétiens, nul dans la durée n’a été aussi sanguinaire à leur encontre que la Rome papale. Celle-ci n’a de loin à ce sujet aucune leçon à donner à personne, pas même aux islamistes. Chaque fois qu’un système veut imposer sa pensée à tous, il se fait persécuteur des chrétiens.

8. Une prostituée à cheval sur la bête : v 3

Dans un premier temps, il apparaît, comble de la prostitution, qu’une collaboration étroite s’établira entre la prostituée et l’antichrist dans sa montée vers le pouvoir. La prostituée chevauchera la bête, la dominant et la contrôlant. Comme cela s’est déjà produit dans l’histoire, cette fausse alliance entre le trône et l’autel ne résistera pas à l’épreuve du temps. Viendra le jour où la bête se débarrassera elle-même de cet allié concurrent : v 16. Elle réalisera, se faisant, le jugement de Dieu annoncé depuis longtemps contre elle : v 17. La montée en puissance de l’antichrist mettra fin aux prétentions et à l’influence universelles de la fausse église. Il n’y aura plus alors ni pape, ni Vatican !

9. La prostituée est aussi une ville : v 18

Par opposition à l’Eglise, qui est à la fois l’Epouse de l’Agneau et Jérusalem, la ville sainte : Apoc 21,9-10, le faux système religieux qui, un temps, chevauchera la bête, est dépeint à la fois comme une prostituée et une ville. Aux yeux de Jean, nul doute que cette ville représentait Rome, la ville aux sept collines : v 9. Le chapitre suivant lui étant consacré, nous essayerons de discerner ce à quoi la Babylone des derniers temps pourrait faire référence.

C. La bête écarlate

Avec la prostituée, Jean revient sur le mystère qu’est la bête qui, pour un temps, lui servira de monture : v 7. Essayons, au travers des détails que Jean reçoit de sa description, de pénétrer le mystère qu’est la bête pour en saisir l’explication.



a. la bête d’Apocalypse 17,3 possède les mêmes caractéristiques que celle décrite en Apocalypse 13,2. Il s’agit donc de la même entité.

b. La bête est la résurgence de quelque chose qui a été et qui a disparu : v 8 et 9. La réapparition de ce quelque chose fascinera les habitants de la terre et les séduira. Elle monte de l’abîme, lieu de repaire et d’habitation fermé des démons : Apoc 9,2 et va vers la perdition ! Comme l’a rappelé Jésus, le diable n’a qu’un objectif : séduire, tromper, user de mensonge pour tuer et détruire : Jean 8,44. L’objectif de la bête sera unique : faire le maximum de victimes parmi les hommes rebelles à Dieu pour les entraîner derrière lui dans la perdition !

c. Les sept têtes de la bête représente à la fois sept montagnes et sept rois : v 10. L’indication que Jean donne ici de la bête a à la fois une portée géographique et historique. Les sept montagnes situent le lieu où se trouve la bête. Ce lieu ne peut être que Rome, appelée la ville aux sept collines. Sur le plan historique, les sept têtes de la bête symbolise les gouvernants majeurs qui occuperont le trône de Rome. Au temps où écrit Jean, cinq étaient disparus, un était là et le dernier devait paraître.

Les commentateurs bibliques de ce passage ont tous du mal à interpréter avec certitude la prophétie. L’empire romain ayant connu 17 empereurs dans les deux premiers siècles, il est difficile de savoir parmi eux à qui la prophétie fait allusion. Jusqu’à Néron, cinq empereurs célèbres se sont succédé : César Auguste, Tibère, Caligula, Claude et Néron. Puis il y eut un temps de crise fait de règnes brefs (quelques mois). Puis Vespasien occupera le trône suivi de Titus (règne intérimaire) et de Domitien, le fils de Vespasien. Il est à noter qu’à partir de Domitien, le trône de Rome change de dynastie. Les Flaviens laissent la place aux Antonins, dont le premier empereur Nerva mettra fin à l’absolutisme impérial qui caractérisait le règne des 7 puissants empereurs qui l’ont précédé.

Au temps où Jean écrit, c’est le 6ème empereur de sa liste qui règne : Vespasien (69 à 79). Il doit, dit-il en venir encore un après lui, et quand il viendra, il restera peu de temps : v 10. Jean éclaire le mystère de la bête en disant qu’elle est à la fois l’ensemble du système romain, mais aussi un de ces rois, le 8ème qui est en fait l’un des sept. L’explication que donne l’ange à Jean au sujet de la bête n’est compréhensible qu’à travers le fonctionnement de l’empire romain. Comme sous le règne de la monarchie absolue en France, l’empire romain se réduisait à une seule chose : l’empereur. « L’Etat, c’est moi ! disait en son temps Louis XIV ! » « Rome, pouvait aussi dire l’empereur, c’est moi ! » On comprend donc ici que la bête soit à la fois un système et celui qui le représente. Une telle identification témoigne de l’absolutisme complet dont fait preuve celui qui le dirige envers ses sujets.

Le fait que le 8ème roi, identifié à la bête, soit l’un des sept témoigne du fait que, parmi eux, c’est lui qui incarnera le mieux cette identification absolue avec le système. Il est à noter que, alors que Jean écrit, Domitien n’est pas encore monté sur le trône. Or, de la liste citée par Jean, il est de loin celui qui se préoccupera le plus, en Asie Mineure particulièrement de développer le culte impérial. La titulature de Domitien à sa mort parle d’elle-même :

IMPERATOR•CAESAR•DOMITIANVS•AVGVSTVS•GERMANICVS, PONTIFEX•MAXIMVS, TRIBVNICIAE•POTESTATIS•XV, IMPERATOR•XXII, CONSVL•XVII, PATER•PATRIAE

La résurgence de la bête qui était, a disparu et qui revient fait allusion, à la fin des temps, au retour du système romain de Domitien : système marqué par un véritable culte voué à celui qui en sera la tête : l’Antichrist. Le XXème siècle, et ses nombreux dictateurs mégalomanes (Hitler, Bokassa, Ceaucescu, Kim Il Sung…) témoigne avec force qu’une telle résurgence impérialiste est tout à fait de l’ordre du possible. Cependant, Jean nous l’atteste : au moment où le 8ème roi, copie conforme de Domitien, apparaîtra, il ne restera que peu de temps !

d. Les dix cornes de la bête représentent dix rois, qui seront faits rois pour régner avec elle et pour elle : v 12. Déjà en son temps, le prophète Daniel avait eu la vision de ce terrible royaume qui conclura l’histoire de l’humanité : Daniel 7,7. Le prophète fait mention parmi les cornes d’un fait particulier : l’une d’elle, petite, s’élèvera au-dessus des autres et, pour affirmer sa suprématie, abaissera trois d’entre elles : Daniel 7,8.20.

La crise que nous traversons actualise de manière frappante le scénario décrit ici. Du jour au lendemain, nous avons pu assister à la chute soudaine et brutale de plusieurs dirigeants européens (Italie, Grèce…) démocratiquement élus dans leurs nations, par la pression du diktat des dirigeants de l’Europe politique. Ils ont été aussitôt remplacés par des hommes de main non élus, à qui il a été remis les clés de la gouvernance de la nation… Cela sans que les peuples s’en émeuvent plus que cela ! Le procédé est à l’image de ce qui se produira au jour où, bâtissant son empire, l’Antichrist élèvera l’un et abaissera l’autre ! Les dix cornes, désignées par la bête, et la bête travailleront alors main dans la main pour servir un seul dessein : v 13.

e. L’empire de la bête et des dix cornes sera celui qui verra le retour de Jésus : v 14. C’est d’ailleurs Lui qui y mettra un terme définitif au terme d’une guerre au cours de laquelle les armées de l’Eternel réunies vaincront les armées de la bête !

f. Au faîte de leur pouvoir, la bête et les dix cornes se mettront à haïr la prostituée, la détruiront et la pilleront : v 15 et 16. La fausse église qui avait cru faire jeu égal avec les souverains de ce monde en sera pour ses frais. Ce jugement terrible servira en même temps à réhabiliter la véritable vocation de l’Eglise. Jamais, dans la pensée de Jésus, il n’a été que l’Eglise devait s’allier, se mélanger aux puissances terrestres pour partager avec elles le pouvoir sur les peuples. L’alliance contre nature de la fausse église finira de la seule façon possible : son élimination. Il ne peut y avoir in fine qu’un seul occupant sur le trône de la royauté du monde : le mal absolu !



1 commentaire:

  1. Parfaitement d'accord avec vos propos très pertinents ... un grand merci

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