vendredi 25 septembre 2009

Apocalypse 2,1 à 7 : lettre à l'église d'Ephèse

1. Introduction :




La dernière fois que nous avons ouvert ensemble ce livre si précieux et si important de l'Apocalypse, nous avions trouvé et laissé Jésus debout, présent au milieu des sept Eglises d’Asie. Alors que Jean écrit à la première d’entre elle, c’est de nouveau ici que nous le retrouvons : 2,1.



Le fait que Jésus soit présent et qu’Il marche personnellement au milieu des églises a pour nous, comme pour les églises dont il s’agit ici, à la fois quelque chose de rassurant et de redoutable :



- rassurant car, comme le montre Jean, c’est Lui, Jésus, qui tient les sept étoiles dans sa main droite. Si les églises, telles les étoiles brillant dans l’obscurité du ciel, sont appelées à être des lumières qui brillent dans ce monde de ténèbres dans lequel nous nous trouvons, nous voulons nous souvenir que ce n’est pas d’abord d’elles-mêmes mais de leur Seigneur que dépend leur sécurité.



Qui tient l’Eglise dans sa main, son témoignage, son rayonnement, son impact dans ce monde ? De qui dépend sa sécurité ? Est-ce de ses responsables, des missionnaires, de la vie de ses membres ? Non ! C’est d’abord, nous montre Jean, du Seigneur.



Il est celui qui nous entoure par derrière et par devant et qui met Sa main sur nous. Rien de ce qui nous touche et nous atteint en tant que communauté n’arrive sans passer par Lui.



- si le fait que Jésus tient dans sa main droite les sept étoiles a tout pour nous rassurer, la vision de Jean nous montre que ce fait ne suffit pas à lui seul pour résumer la position de Jésus dans l’Eglise. Non seulement Jésus tient le témoignage de l’église dans sa main, mais encore il marche au milieu d’elle. Or, cet aspect, s’il a d’une certaine façon un côté rassurant, a aussi un côté redoutable.



Ce côté est que rien dans la vie de l’église au milieu de laquelle Jésus marche, ne saurait être caché à Ses yeux et passer inaperçu. Je connais, dit Jésus à l’église d’Ephèse… Je sais exactement où tu en es avec Moi, dans quel état tu te trouves, ce qui va bien, mais aussi ce qui ne va pas ou plus aussi bien que dans le passé. Si tu peux te tromper toi-même sur ton compte et ton propre état, sache que tu ne peux pas Me tromper. Il serait sage donc que tu M’écoutes pour réformer ce qui doit l’être. Car, si je te confronte à ton état, si je pose sur toi un diagnostic, ce n’est pas d’abord pour t’affliger, mais pour te guérir.



Tel est l’état d’esprit dans lequel Jésus ici, comme plus tard, fait le tour des églises. Son objectif n’est pas de juger et de détruire, mais bien de traiter. Car il sait que, comme le corps humain, le corps de Christ peut être affligé de toutes sortes de maladies plus ou moins graves.



Pour l’heure, le Seigneur commence à relever les élements de bonne santé de l’église d’Ephèse. ils sont au nombre de 3 :



- les œuvres, le travail qui se fait dans l’église. Si les œuvres n’entrent pas en ligne de compte dans notre justification, elles ne sont pas pour autant sans importance aux yeux du Seigneur. Jacques l’affirme clairement : les œuvres sont la justification de la réalité de notre foi : Jac 2,14 à 17. Une foi qui ne produit ni labeur, ni engagement à l’égard de Dieu et du prochain est sans valeur.

- le discernement spirituel. Le constat que fait le seigneur prouve que l’avertissement de Paul aux anciens d’Ephèse au moment de ses adieux était juste et a porté ses fruits : Actes 20,29 à 31

- la fidélité à Dieu dans la souffrance. Notons que si, dans l’histoire de l’Eglise la persécution ira crescendo, c’est dès l’origine qu’elle a été présente.





Si Ephèse se trouve à la tête des églises mentionnées, croyons bien qu’il n’y a là rien qui soit dû au hasard. Car si, comme nous le lisons dans les autres lettres, l’état de l’église va aller en s’empirant, le mal qui atteint l’église, qui la ronge et la dégrade, a commencé quelque part.



Ce quelque part, Jésus le révèle ici : c’est, dit-il, la perte du premier amour, la perte qui, pourrait-on dire, est à l’origine de toutes les autres pertes spirituelles, morales, mais aussi plus tard doctrinales.



Ana lyse du danger de cette perte et de la façon avec laquelle, avec l’aide de Dieu, elle peut-être annulée.



2. L’amour : son importance :



S’il y a bien, dit l’apôtre Paul, une chose, une vertu qui surpasse toutes les autres dans la vie de l’Eglise, c’est l’amour : 1 Cor 13,1 à 3. Le constat de Jésus pour l’église d’Ephèse dans l’Apocalypse de Jean rejoint celui de Paul.

L’église d’Ephèse a beau être un modèle de belles œuvres, de persévérance, de justesse doctrinale, ayant perdu le 1er amour qu’elle avait pour son Seigneur, elle a perdu, montre Jésus l’élément essentiel, ce qui était le moteur même de l’énergie et de la motivation qui la fait vivre.



Sans doute l’église d’Ephèse fonctionne-t-elle encore bien. A la regarder de l’extérieur, il semblerait que rien n’ait vraiment changé. La Parole continue à être prêchée ; les messages sont justes et de qualité ; les activités et les réunions habituelles de l’église se poursuivent. Mais, malgré tout, quelque chose a disparu. Et ce quelque chose, qui est la chose la plus précieuse et la plus chère à Jésus, ne saurait à ses yeux passer inaperçu.



Si la norme selon laquelle en tout temps l’église devrait vivre est le premier amour, que signifie-t-il ? Comment, au travers de quelles preuves peut-on voir et juger de la qualité de notre amour pour Dieu. regard sur l’Ecriture pour essayer de le comprendre.



3. Les preuves de l’amour :



a. la 1ère preuve de l’amour tient au prix que celui qui aime est prêt à payer pour manifester l’attachement qu’il a pour l’être qu’il aime. De nombreux exemples bibliques témoignent de l’importance première de ce critère comme preuve de l’amour :



- Jean 3,16 : Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique

- Je me souviens, dit Dieu à Israël, de ta fidélité de jeune fille, de ton amour de jeune mariée, quand tu me suivais au désert, sur une terre où rien ne pousse : Jérémie 2,2

- Marie, aimant Jésus, prit une livre d’un parfum de nard pur de grand prix, en répandit sur les pieds de Jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux : Jean 12,3

- Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde au Père, Jésus qui avait aimé les sines qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. Pendant le dîner, il se leva de table, se défit de ses vêtements et prit un linge qu’il attacha comme un tablier. Puis il versa de l’eau dans une cuvette et se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer : Jean 13, 1 à 5



Bien que différent dans la forme, les 3 exemples que je viens de citer témoignent tous de la même réalité. L’amour passionné ne peut faire autre chose que donner et se donner… jusqu’à la mort.



Il n’y a pas d’amour véritable sans sacrifice, sans renoncement à sa personne, sans le fait de placer au-dessus de soi, de sa vie, de ses intérêts, l’être aimé ; c’est là l’amour que Dieu a montré pour nous et qu’Il attend aussi que nous montrions pour Lui.



D’autres exemples bibliques plus simples montrent cela et témoignent de la manière dont le premier amour s’est manifesté dans la vie des premiers chrétiens :

- Actes 2,44-45 ; 4,32 : sens extrême de la communauté

- Galates 4,13 à 15 : manifestation élevée de l’estime que l’on a pour l’autre

- Hébreux 10,32 à 34 : l’amour des premiers jours.



Quelle place occupe Jésus dans mes affections ? Suis-je plutôt comme Marie qui estime que rien n’est trop beau, trop cher, trop coûteux pour Lui ? Ou plutôt comme Judas qui estimait qu’il ne faut pas exagérer, qu’il y a des limites à l’expression de l’amour que l’on a pour Jésus, qu’il faut certes L’aimer, mais de là à sacrifier l’essentiel, il y a là de l’abus, du gaspillage, de l’extrémisme…



Quelle place occupe Jésus dans mon emploi du temps de tous les jours, dans la gestion de mes biens, de mon budget ?



Alors que l’Eternel fait le procès de Son peuple, Il lui reproche en Esaïe une chose qui est l’une des marques évidentes de la perte du premier amour qu’il avait pour lui : c’est le mépris dont il faisait preuve à l’égard du respect du sabbat : Esaïe 58,13-14. Et nous comment considérons-nous le jour du Seigneur ? Est-ce d’abord un jour pour nous ou pour Dieu ? Est-ce juste que nous sacrifiions ce jour pour d’autres intérêts ?



S’il peut y avoir exception, il nous faut absolument être au clair à ce sujet : toute absence en ce jour réservé au peuple de Dieu pour rendre à son Dieu le culte qui Lui est dû ne saurait être justifiée. Comment pensons-nous que prendrait une fiancée qui, attendant son fiancé pour son rendez-vous, s’entendrait dire que celui-ci a finalement préféré faire du vélo ou rencontrer d’autres amis qu’elle ? Ne se sentirait-elle pas profondément blesser par le choix du fiancé, et ne s’interrogerait-elle pas à juste titre sur la profondeur de l’amour qu’il a à son égard ?



Rappelons-nous qu’au-delà de nos paroles, ce sont les choix que nous faisons et les décisions que nous prenons qui témoignent en premier lieu du degré d’amour que nous portons à Jésus !





b. C’est dans le livre de l’amour de la Bible, le Cantique des cantiques, que nous trouvons la seconde preuve de l’amour : Cantique 2,5 : c’est la maladie qu’occasionne l’amour.



Quelle est cette maladie de l’amour ? Tous ceux qui, un jour, ont été follement amoureux de quelqu’un l’ont connu. C’est le fait que, tellement absorbé par la pensée de l’autre, celui qui aime en perd l’appétit ainsi que tout intérêt pour autre chose.



Les psychologues s’accordent d’ailleurs pour dire que, si l’état amoureux est normal, il ne faudrait pas, que dans ses premiers effets, il dure trop sans Quoi il risque de mettre sérieusement en danger la vie et l’équilibre psychique de la personne.



Il y a cependant dans l’état amoureux un parallèle fort avec le premier amour qui doit habiter notre cœur pour le Seigneur. C’est l’idée selon laquelle il nous est impossible, insupportable d’être éloigné, séparé de Lui, de ne pas ou plus le côtoyer.



Ressentons-nous au fond de nous-mêmes chaque jour la faim et la soif de Dieu. le fait de ne pas Le côtoyer, en ne lisant pas sa Parole ou en ne priant pas, se traduit-il par un sérieux manque dans notre vie.



Si oui, c’est que notre amour l’appelle, et nous pouvons nous en réjouir. Sinon, il faut nous interroger sur sérieusement sur la qualité, voire même la réalité de notre relation avec Dieu. Si nous pouvons nous passer de contact avec dieu aussi facilement que du contact avec notre voisin, il faut sérieusement nous interroger sur la nature du lien qui nous lie à Lui.



4. Causes de l’abandon du premier amour



Si l’amour est essentiellement le sentiment du besoin de l’autre, de Sa présence, d’où vient que, aimé par Dieu, le chrétien en vienne à perdre ou abandonner son amour ? Parmi toutes les causes possibles qui sont à l’origine de cet abandon, j’aimerais ce matin en citer 4 :



a. la 1ère est celle qui guette toute personne engagée dans une relation d’amour : le temps qui passe, la routine, l’habitude qui s’installe. Cette 1ère est la cause non avouée de multiples divorces. « Nous n’avions rien l’un contre l’autre, mais il n’y avait plus de surprises, plus de nouveautés, plus d’enchantement dans notre relation. Nous nous sommes séparés. »



Si le premier amour est le fruit d’une découverte et d’une révélation, celle de l’autre, il ne peut durer que si cette découverte et cette révélation se poursuit. Il n’est pas dans l’idée de Dieu que notre amour pour lui, comme entre nous, s’arrête parce que nous connaissons l’autre. Si nous Le connaissons, sachons que nous le connaissons encre peu et que toute notre vie peut être une découverte émerveillé de ce qu’Il est.



« Tu ne m’as pas invoqué Jacob, car tu t’es lassé de moi dit Dieu à Israël : Esaïe 43,12



Avons-nous encore soif de Dieu ? Sommes-nous encore passionnés par Lui, dévorés par le désir de Le connaître toujours plus ? Alors c’est que nous sommes toujours animés de notre premier amour ? Si, par contre cette passion n’est plus au cœur de notre vie, sachons que nous n’irons pas très loin dans notre vie chrétienne !



b. la seconde, si elle peut être tout à fait possible dans une vie de couple, ne devrait, quoi que présente, jamais être possible dans notre relation avec Dieu : c’est la déception.



Alors qu’ils entrent dans le mariage, il se peut que les jeunes mariés se trompent et s’illusionnent fortement sur ce qu’ils vont vivre : « Notre vie va être un conte de fées ! » Deux semaines plus tard, le conte de fées a déjà pu virer au cauchemar !



Se peut-il qu’il en soit ainsi dans notre relation avec Dieu ? Dieu peut-Il nous décevoir ? Si ou, cela ne peut venir que d’une seule chose : non de Dieu, mais des fausses attentes que nous nous étions faits dans notre relation avec Lui !



C’est tel jeune homme qui espérais épouser telle jeune fille. Ila longtemps prié à ce sujet, il a attendu et la chose ne se fera pas. C’est tel chrétien qui aspirais à occuper telle position dans l’église, dans son entreprise ou ailleurs, et la chose ne se fera pas. C’est tel pasteur ou missionnaire qui voit l’église de son collègue grandir tandis que la sienne stagne… Dieu ne lui ayant pas donné ce qu’il désirait, le chrétien tombe dans l’amertume, la frustration, la colère et perd son premier amour. (Témoignage Grace Burnham)



Nous ferions bien de relire le contrat sur la base duquel Dieu a établi Sa relation avec Nous ! Nous a-t-il promis une vie facile, prospère, la réussite à tout coup ? Non, Il nous a promis deux chose : sa présence avec nous et la vie éternelle. Bien qu’Il nous donne en réalité beaucoup plus, tout le reste est du surplus. C’est pour Lui-même et non pour ce qu’Il nous donne ici-bas que Dieu veut être aimé.



c. La 3ème cause d’abandon du premier amour est, à la fois la plus courante et la plus souvent dénoncée dans la Bible : c’est tout simplement le retour à la pratique du péché, aux anciennes habitudes que nous avions abandonné.



J’aimerais dire ici que le retour au péché n’est pas que le fait de chrétiens tièdes ou charnels. Il peut tout aussi bien momentanément être le vécu d’hommes de Dieu et de chrétiens consacrés. Preuve en est par la chute dramatique du roi David, appelé l’homme selon le cœur de Dieu, qui en un instant d’égarement, a commis un adultère, puis un meurtre et a plongé ensuite sa dynastie dans la discorde et la guerre.



Les pertes spirituelles que nous pouvons connaître à cause du péché sont incalculables. Mais la perte la plus grande est sans doute celle de notre relation avec Dieu : Esaïe 59,1-2. C’est pourquoi, veillons et prions car c’est tous les jours que nous sommes en danger de tomber.



d. La 4ème cause est sans aucun doute l’une plus douloureuse de toutes pour Dieu, celle pour laquelle Son cœur est le plus attristé : c’est l’idolâtrie, le fait d’accorder à quelqu’un ou à quelque chose d’autre, plus de passion, d’amour, d’intérêt, d’attachement que pour Lui. Rappelons-nous de l’épiusode du veau d’or et de la rapidité avec laquelle, après avoir été délivré de l’Egypte, Israël s’est plongé dans l’idolâtrie !



Ce n’est pas en vain que la 1ère épître de Jean consacrée en grande partie à l’amour se termine par ces mots : petits enfants, gardez-vous des idoles : 1 Jean 5,21



5. Conclusion :



Où se trouve le remède à la perte du premier amour ? jésus nous en donne la clé dans la lettre qu’Il adresse à l’église d’Ephèse :



a. Souviens-toi : v 5



Souviens-toi de ce qui animait et remplissait ton cœur dans les premiers jours de ta vie avec Lui.. En ce temps-là, suivre Jésus ne te semblait ni exigeant, ni pénible, ni coûteux. Jésus, rappelons-le ici ne parle pas à des individus en particulier, mais à toute l’église.



Si l’amour pour Jésus a fait que tu aies pu faire en ce temps des choix radicaux, rein n’empêche que aujourd’hui ce soit encore le cas !



b. Repens-toi et pratique tes premières œuvres :



Le culte n’est plus devenu pour toi important ? La réunion de prières est devenue lassante, la lecture de la parole ennuyeuse ? Donner de l’argent pour l’œuvre de Dieu n’est plus une priorité ? Servir les autres passe après toi ? Repens-toi, change d’attitude et recommence à te fixer des objectifs clairs, précis et chiffrables devant Dieu



Sans quoi, Dieu le dit ici à l’église d’Ephèse, tu risques non seulement de perdre ta place, ton rayonnement dans ce monde, mais pire encore, tu risques d’être privé de ta récompense dans les cieux : v 5 et 7

Au vainqueur, dit en conclusion Jésus, Je donnerai de manger de l’arbre de la vie qui est dans le paradis de Dieu. C’est comme si Jésus nous disait : si ici-bas tu fais de Moi Ta vie, Je te promets pour l’éternité de te donner accès à ce qui est la Source même de la vie !



Que Dieu nous donne dès maintenant de nous préparer, par notre amour pour Jésus, à l’éternité qu’Il nous a réservé !


Je viens bientôt !