vendredi 17 septembre 2010

Apocalypse 5

A. Un trône dressé pour le jugement :

De la terre où il se trouvait, le chapitre 4 de l’apocalypse transporta l’apôtre Jean vers le ciel où la 1ère vision qui s’imposa à lui fut celle du trône de Dieu. Le trône établi, l’objectif défini de la vision donnée à Jean est clairement formulé : « Monte ici, dit la voix qui s’adresse à Jean, et je te ferai voir ce qui doit arriver après : 4,1. » C’est la mise en oeuvre de cet après qui nous est présenté ici au chapitre 5.

Mise à part l’insertion en Hébreux 4,16 de la grâce comme attribut attaché au trône, toutes les autres mentions bibliques du trône vont dans le même sens. Le trône de Dieu est le lieu à partir duquel Il rend la justice et exerce Son jugement : Ps 9,4.7 ; 11,4 ; 29,10 ; 45,6 ; 89,14 ; 97,2. Le trône de Dieu dressé, l’heure est venue, après la période de l’Eglise, de passer à celle du jugement du monde. Or, qu’est ce que le jugement, sinon le rétablissement de toutes choses dans le bon ordre, l’ordre voulu par Dieu dès l’origine : Actes 3,21 ? Qu’est ce que le jugement, sinon la fin du désordre introduit par la rébellion initiée au début par le Malin ? Il faut, dit Paul, après que le Christ ait soumis toutes choses à Ses pieds que le Fils Lui-même soumette à nouveau toutes choses à Son Père, pour que, comme cela aurait toujours dû être, le règne parfait de Dieu soit de nouveau établi et qu’Il soit tout en tous : 1 Cor 15,24 à 25.

Le trône dressé pour le jugement, Jean voit celui qui y siège tenir dans sa main droite un livre cacheté de 7 sceaux et portant toutes sortes de mentions tant au-dehors qu’au dedans (au recto et au verso) : v 1. Le prophète Ezéchiel, qui a aussi reçu de Dieu en son temps la vision de ce livre, nous en dit un peu plus sur sa teneur : Ezéchiel 2,9-10. Le livre que Dieu tient à sa main n’est pas annonciateur de joie, mais de grandes tristesses, douleurs et lamentations pour l’humanité. C’est l’heure où le monde doit rendre compte à Dieu et payer pour les crimes commis, l’heure où les peuples vont trembler : Ps 99,1, l’heure où les dirigeants de ce monde, impuissants face à Sa colère, prieront les montagnes de les cacher : Apoc 6,15-17, l’heure où le sang innocent versé, qui crie vengeance depuis Abel : Genèse 4,10, ne sera plus caché : Esaïe 26,21. Après la longue année de la patience et de la grâce de Dieu, sonne l’heure du jour de Sa colère : Esaïe 61,1-2.

B. Les disqualifiés :

Le trône dressé et prêt pour le jugement, une seule question se pose : qui, dans l’univers, parmi tous les êtres qui existent, est digne d’exécuter le jugement de Dieu sur le monde ? L’appel à la dignité, comme qualification et compétence pour exercer de la part de Dieu le jugement sur tous les êtres, présuppose la réunion de plusieurs facteurs non disqualifiants. Adressée à toute la création et tous les êtres, chacun est appelé à s’examiner pour voir s’il possède les attributs qui conviennent. Le constat est à la fois terrible et consternant :

1. le Père : bien qu’ayant la légitimité de le faire, il Lui manque, pourrait-on dire, une qualification qui, même si le reproche n’est pas justifié, pourrait la Lui être adressée : l’expérience de la vie sous forme humaine. Volontairement, à cause de cette lacune à Son expérience, le Père fait le choix de renoncer au jugement des hommes : cf Jean 5,26-27 ; Actes 17,30-31.

2. Les créatures qui sont dans le ciel : elles aussi pour la même raison, et peut-être même pour d’autres : Job 4,18-19, ne sont pas compétentes pour juger l’ensemble de la création.

3. Les créatures qui sont sur la terre. Ils sont nombreux les pouvoirs ou les régimes qui voudraient se placer, au nom de Dieu, en justiciers du monde : l’Islam, l’Amérique et son axe du mal… Tous, aux regards de Dieu et de Sa loi, sont enfermés dans le même culpabilité : Rom 3,9.19. Jamais, nulle part, la colère de l’homme n’est le moyen par lequel s’accomplit la justice de Dieu : Jac 1,20

Soulignons que si les pouvoirs politiques ne peuvent être les instruments de la justice absolue de Dieu, l’Eglise, malgré le fait qu’elle est l’Epouse royale du Christ, ne peut l’être davantage. Certes, Celui-ci l’associera à ce privilège à un moment ou un autre : Mat 19,28 ; 1 Cor 6,2-3, mais ce n’est pas en vertu de sa qualité propre qu’elle le fera, mais à cause de la grâce dont elle-même aura été l’objet : Jean 5,24 ; Rom 8,1.

4. les créatures qui sont sous la terre : l’expression peut signifier tous ceux qui, déjà, sont passés par la mort. Même si, parmi les hommes du passé, certains furent remarquables et exceptionnels dans leur marche avec Dieu : cf Ezéchiel 14,14.20, la justice qui leur aura servi à se sauver eux-mêmes ne leur permet pas pour autant d’être qualifiés pour être les juges des autres ! Il y a et aura toujours, même dans l’homme le meilleur, suffisamment de traces d’impiété et de corruption pour, hormis la grâce de Dieu, suffire à le condamner.

Face au constat désolant de la disqualification de tous les êtres à rendre la justice de Dieu, Jean est atterré. La question se pose pour lui : n’y a-t-il donc personne dans l’univers qui puisse alors mettre un terme définitif au mal ? Le sort des justes est-il donc de se résigner à souffrir sans jamais que réparation ne puisse avoir lieu : cf Apoc 6,10-11 ? Si tel est le cas, alors la réaction de Jean n’est pas trop excessive : seul le désespoir reste !

Heureusement pour lui, Jean ne va pas rester indéfiniment dans son affliction. L’un des anciens vient pour le consoler. Si ! Il existe un être, une Personne qui, dans l’univers, a les qualifications requises pour exercer au nom de Dieu la justice et le jugement de l’humanité !

C. L’unique qualifié : l’Agneau immolé

Cet être qualifié, l’ancien le désigne de deux manières :

- Il est, dit-il en premier, le lion de la tribu de Juda : dès la genèse, par la bouche de Jacob, c’est à Juda qu’est donnée la promesse que ce serait parmi ses descendants que viendrait Celui à qui reviendrait le bâton de commandement : Gen 41,10. Plus tard, Michée confirmera la prophétie en précisant que c’est de Bethléem, petite entre toutes les villes de Juda, que sortirait Celui dont l’origine remonte aux temps anciens : Michée 5,1, ce que tout scribe qui lisait l’Ecriture savait : Mat 2,4 à 6. Jésus, notre Seigneur est bien originaire de Juda : Héb 7,14. Paru comme un agneau, il est, à cause du caractère que revêtiront ici Ses actes appelé le lion : Ps 7,2 ; Prov 19,12 ; 30,30 ; Esaïe 31,4.

- Il est présenté ensuite comme le rejeton de David. Si la tribu de Juda situe le cadre précis de l’origine du Messie, la famille de David, parmi la tribu de Juda, est désignée comme celle de laquelle Il proviendra sur le plan humain : Esaïe 11,1 à 5. La prophétie s’accomplira aussi bien par Marie que Joseph, parents adoptifs de Jésus, issus tous deux à la fois de Juda et de David : Matthieu 1,2 à 16 ; Luc 3,23 à 34.

Désigné par ce qui le rattache à l’humanité, l’Etre qu’il découvre comme étant le seul qualifié pour exercer, à partir du trône, le jugement de Dieu, ne lui apparaît pas comme tel. Cet être se présente à lui comme un agneau à l’apparence singulière :

- Un agneau debout, qui semblait immolé : Il est l’Agneau de Dieu, offert en sacrifice à Golgotha pour les péchés du monde : Jean 1,29 ; Esaïe 53,7. L’immolation de l’Agneau pour les péchés de l’humanité est, plus que tout, la raison majeure qui le qualifie pour être Celui qui, à la fin des temps, est digne de la juger : 1 Pierre 1,18 à 20

- Cet agneau, symbole de docilité et de douceur, est ici équipé de 7 cornes, symbole de force dans sa plénitude : ex : Deut 33,17, et pourvu de sept yeux, symbole de la connaissance des choses dans tous leurs aspects : cf Hébr 4,13.

Le seul Etre digne, qualifié pour exercer le jugement de Dieu sur l’humanité rebelle à Dieu possède donc les caractéristiques suivantes :

- avant d’être Juge, Il donna sa vie pour être Sauveur. Sa première intention en venant vers nous n’était pas de nous juger, mais de nous sauver : Jean 3,17. C’est d’abord parce qu’Il a été l’expression extrême de l’amour de Dieu pour nous que le Fils est qualifié pour nous juger : Jean 3,16 ; Rom 5,8

- Il est celui qui a reçu tout pouvoir. Alors qu’Il s’apprêtait à entrer à Jérusalem, Jésus pressenti que les disciples nourrissaient une fausse attente en ce qui concerne ce qui allait arriver. A l’aide d’une parabole, Il leur fit comprendre que l’heure n’était pas venue pour Lui de régner, mais de mourir : Luc 18,31 à 34, puis de partir pour recevoir l’investiture royale, avant de revenir : Luc 19,11 à 13.15. En effet, bien qu’ayant acquis par Sa mort la libération de l’humanité de la domination du malin, la procédure divine exige que ce ne soit pas de Lui-même qu’Il exerce la royauté, mais par un acte significatif de la volonté du Père. C’est pourquoi, après Sa mort, Dieu ressuscitera le Fils et L’élèvera dans les cieux pour Le faire asseoir à Sa droite jusqu’à ce que tous Ses ennemis soient devenus Son marchepied : Actes 2,32 à 36. Dieu seul pouvait faire Christ et Seigneur l’homme Jésus qui fut crucifié.

- Il est enfin Celui qui a tout connaissance, connaissance non seulement des actes accomplis par chacun, mais des pensées et des intentions qui étaient à l’origine de ces actes : Rom 2,16 ; Hébr 4,12 ; 1 Cor 4,5.

Notons pour finir que si le jugement est nécessaire pour abroger le mal et détruire définitivement sa puissance, il l’est aussi pour donner aux rachetés d’entrer en possession de leur héritage : Apoc 5,10. Si Jésus ne juge pas les rebelles, la situation, telle que nous la connaissons aujourd’hui, perdurera sans fin. La question se pose : à quoi servirait alors notre salut, s’il reste pour toujours inachevé ? Seul l’achèvement du salut, qui ne peut se faire que par la condamnation irrémédiable des adeptes de la rébellion, peut permettre aux saints d’entrer dans la jouissance des biens qui leur sont préparés. D’où la nécessité à double titre, l’un négatif mais l’autre positif, de l’exercice du jugement de Dieu sur le monde !

D. L’adoration rendue à l’Agneau :

Seul être qualifié à exercer le jugement de Dieu, l’Agneau reçoit de la part de toutes les créatures réunies devant le trône la même adoration qui fut rendue au Père : v 11 à 14. Il n’y a et n’aura jamais entre le Père et le Fils une seule ombre de rivalité ou de concurrence en ce qui concerne la gloire dont ils sont l’objet. Le Père et le Fils, bien qu’ayant des rôles différents, ne sont et n’ont toujours été qu’un en toutes choses : Jean 10,30. Jamais dans le ciel, il n’y a risque qu’un jour le Fils détrône le Père ou que le Père jalouse la gloire rendue par les créatures au Fils.

Ensemble dans la prise de décision de l’engagement que nécessitait notre salut : Héb 10,5 à 7, ils L’ont été aussi dans sa réalisation : Actes 20,28, et le seront dans son plein accomplissement ! Que louanges, gloire et honneur leur soient rendus à tout jamais !

Je viens bientôt !