vendredi 14 octobre 2011

Le menu de ce qui vient : Apocalypse 14

1. Nouvelles visions :

Après la double vision des deux bêtes, Jean voit se succéder, dans les chapitres 14 et 15, sept visions distinctes révélatrices de la mise en place des derniers éléments annonciateurs du jugement du monde par les coupes de la colère de Dieu.

1ère vision : l’Agneau et Ses rachetés sur la montagne de Sion : v 1 à 5

Alors que l’emprise de la bête semble être totale sur la terre (même les saints ont été vaincus : 13,7) le rideau s’ouvre de nouveau aux yeux de Jean sur les réalités célestes. Les soi-disant vaincus de la bête sont glorifiés avec Jésus sur la montagne de Sion qui, en l’occurrence ici, désigne la Jérusalem nouvelle : cf Hébr 12,22. Si, primitivement, la montagne de Sion était la colline de Jérusalem où était le temple : Ps 84,8, elle est, sur le plan spirituel, la cité du Dieu vivant !

Vaincus sur terre, les saints de Dieu, marqués de son sceau : Apoc 7,4, sont reçus au ciel tels qu’ils sont, en héros. Tous leurs traits témoignent de ce que la Bible désigne, à l’image de leur Maître, sous le terme de vainqueurs. Le vainqueur dans la foi est celui :

- qui n’aime pas sa vie au point de ne pas être prêt à la perdre pour la vérité : Apoc 12,11

- qui, sur le plan moral et spirituel, a su se préserver de toute souillure : cp 2 Cor 11,2. Il semble difficile d’interpréter ce verset au premier degré, la Bible ne jetant jamais de discrédit sur la relation conjugale.

- qui, sur le plan de l’attachement à Christ, fait preuve d’une fidélité sans faille : v 4.

- qui, sur le plan de l’honnêteté et de l’intégrité, sont irréprochables : v 5.

Malgré l’excellence de leur vie de disciples du Christ, les vainqueurs ne sont pas pour autant parfaits ou sans péché. Leur présence au ciel n’est pas le fait de leurs mérites, mais le bénéfice du sang versé par l’Agneau pour leur rachat : v 4.

Bien que vaincus par la bête, les 144 000 ne sont pas morts pour rien. Jean les désigne comme les prémices des humains rachetés. La bête a pu tuer physiquement les témoins du Christ. Elle n’a pu détruire le témoignage, la semence que leurs vies et leurs paroles ont laissé dans les esprits. Une riche moisson va suivre le martyr des oints de Dieu de cette époque !

2ème vision : l’ange porteur de l’Evangile éternel : v 6 et 7

Les témoins du Christ ôtés de la terre, c’est du ciel que les habitants de la terre vont entendre l’Evangile. La bête a peut-être tout pouvoir sur la terre. Elle n’a aucune puissance pour agir sur ce qui vient du ciel. Quels que soient les efforts que le diable déploie pour faire taire la voix des témoins du Christ, Dieu a toujours le dernier mot à ce sujet. Les ressources de Dieu sont inépuisables et nulle puissance n’a le pouvoir de l’empêcher de parler.

Le message dont est porteur l’ange n’est pas directement christocentrique. Il met l’accent sur ce qui constitue le premier fondement de la vérité. Le Dieu véritable que les habitants de la terre doivent craindre et adorer n’est pas celui qui se prétend comme tel sous leurs yeux. Il est le Créateur, Celui qui est à l’origine de toutes choses. Lui seul est digne d’être l’objet de la gloire. Le temps désormais est court : le jugement est en marche. Le choix est encore donné à chacun, pour peu de temps ,de décider devant qui il se prosterne : soit le Dieu du ciel, dont l’ange est le héraut, soit celui qui se dit Dieu sur la terre et qui est un usurpateur.

Le message dont est porteur l’ange est non seulement éternel mais encore universel. A l’heure où le monde entier s’apprête à plonger dans la plus intolérable idolâtrie, l’ange repose devant l’humanité séduite la première pierre sur laquelle repose l’édifice de la vérité : Au commencement Dieu… : Genèse 1,1. Le fait que le message soit réduit à cette seule affirmation démontre à quel point les ténèbres ont envahi les esprits. Le témoignage de Jésus ne peut être reçu en effet que si celui de Dieu est cru : Jean 14,1. Quel terrible constat de voir qu’arrivée à son terme, il faille enseigner l’humanité comme à ses débuts !

3ème vision : l’annonce de la chute de Babylone : v 8

C’est ici la première fois qu’il est fait mention de Babylone, la ville qui va occuper une grande place dans la suite de la prophétie : Apoc 16,19 ; 17,5 ; 18. Babylone est l’anti-Jérusalem . Comme Jérusalem est la cité de Dieu, Babylone est la capitale spirituelle, financière et commerciale qui est au coeur du système de la bête : Apoc 18,2-3. Par anticipation, le second ange, après le passage du premier rappelant que le Dieu du ciel est le seul Dieu qui doit être craint et adoré, annonce que, bientôt, ce qui fait la fierté de la bête et de son système va tomber sous les coups du jugement de Dieu.

4ème vision : l’avertisseur du châtiment éternel : v 9 à 12

Dernier des envoyés célestes de Dieu, le troisième ange traverse le ciel pour avertir les habitants de la terre du jugement et des tourments éternels qui attendent tous ceux qui feront le choix de ne pas donner au Dieu Créateur la gloire qui Lui est due. Ils partageront pour toujours le sort du dieu qu’ils auront suivi et adoré. Le message apporté ici par l’ange est l’un de ceux qui valident le mieux dans l’Ecriture la réalité de l’enfer et du tourment éternel.

Mauvais nouvelle pour les rebelles, la proclamation de la réalité de la perdition est un puissant stimulant à la foi de ceux qui s’attachent à garder les commandements de Dieu et la foi de Jésus : v 12. Comme il y a une rétribution pour ceux qui persévèrent dans le mal et l’erreur, il y en a une pour ceux qui persistent à marcher dans le bien et le juste : Rom 2,9-10.

Le message de l’ange, destiné aux rebelles et aux croyants qui subsistent, est appuyé en conclusion par une voix venant du ciel : v 13. La voix encourage les disciples de Christ à imiter les vainqueurs qui sont partis avant eux et à ne pas craindre la mort. Elle n’est que le passage de ce monde vers le monde de Dieu où les attendent le repos et la récompense. Rien ne peut, en effet, nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ : Rom 8,31 à 39.

5ème vision : la nuée et le fils de l’homme moissonneur

La 5ème vision s’inscrit, comme celles qui la précèdent, dans le processus d’annonce de ce qui va se produire. Toutes ces visions témoignent de la volonté de Dieu de ne pas prendre l’humanité par surprise. Comme l’arche de Noé était un témoignage pour la première humanité du jugement qui allait venir, Dieu donne à la dernière humanité tous les éléments dont elle a besoin pour savoir ce qui l’attend. Le programme est clairement dit et écrit. Au bout du chemin de la rébellion vient la moisson du jugement.

La vision de Jean nous transporte au moment même que Jésus a indiqué à Ses juges comme celui où ils Le reverraient : Mat 26,64. Après le temps de l’immense patience de Dieu, de Ses avertissements, du martyr de Ses témoins, vient celui où le monde doit payer ses crimes. Le Père ayant tout remis, à cause de son expérience de l’humanité, au Fils : Jean 5,27, c’est à Lui qu’il revient de procéder à la moisson. Le fils de l’homme, venu une première fois en humilité, revient ici couronné et glorifié.

La moisson est un thème récurrent dans la Bible. La moisson est plus que la récolte. Elle est le but de tous les efforts entrepris par le semeur. Elle est la réalisation de son espérance, l’aboutissement et la récompense de tous ses efforts. La moisson est la multiplication de ce qui a été semé. La moisson est la révélation de ce qui a été semé. On ne moissonnera jamais dans la nature, et sur le plan moral et spirituel, autre chose que ce qui a été semé : Gal 6,7-8.

Différents moissons se feront dans le monde :

- la moisson de l’Evangile : Jean 4,34 à 36. Il arrive souvent, dans ce processus, que le semeur ne soit pas le moissonneur. Avant les disciples, d’autres ont semé : prophètes, scribes, juifs pieux… : Jean 4,37-38. Tous, au moment de la moisson, se réjouissent ensemble et ont ensemble droit à la récompense : Jean 4,36. Les uns sèment, les autres arrosent, mais toujours, c’est Dieu qui fait croître : 1 Cor 3,5 à 8. L’ordre de Jésus est que nous priions pour que le Maître de la moisson envoie des ouvriers dans sa moisson : Mat 9,38. Il se peut que l’ouvrier soit un semeur ou un arroseur. Tous cependant sont engagés dans et pour la moisson.

- La moisson du péché. Après avoir attendu, il y a un temps où la moisson est mûre. Dieu n’intervient jamais pour juger avant que la dernière extrémité ne soit atteinte : Genèse 15,16 ; 18,20-21. Si les prophètes ont annoncé la venue de Christ, beaucoup ont aussi vu de loin le jour de la moisson : Joël 3 (4),13 à 16. C’est cette moisson que le Fils de l’homme, aidé des anges moissonneurs, vient faire ici : Mat 13,30.49-50.

Les deux moissons étant faites, le blé de Dieu sera amassé dans son grenier et la paille brûlera d’un feu qui ne s’éteint point : Mat 3,12.

6ème vision : vision de l’ange vendangeur : v 18 à 20

Après le moissonneur, vient le vendangeur : Joël 3,13.18. L’idée de la moisson diffère de celle de la vendange en ce que la moisson concerne aussi bien les élus que les réprouvés. La moisson est le moment de la séparation. Chaque espèce va au lieu qui correspond à sa nature : Mat 13,30 ; 3,12. La vendange ne concerne par contre que les rebelles. Elle est l’expression dernière, absolue de la fureur de Dieu contre les rebelles. La vendange est l’expression de la vengeance de Dieu. Elle sera si terrible que le sang versé couvrira un espace de près de 300 kms jusqu’aux mors des chevaux, allusion sans doute à la bataille finale qui réunira toutes les armées de la terre dans la vallée de Josaphat : Joël 3 (4),2.9 à 14 ; Ezéchiel 39,11.