vendredi 19 novembre 2010

Apocalypse 7 : visions célestes

1. Un temps de pause :

Comme ce fut le cas aux chapitre 4 et 5, après que le Seigneur ait ordonné à l’apôtre Jean de s’adresser aux sept églises et avant qu’Il commence à ouvrir les six premiers sceaux du jugement, le chapitre 7 ouvre un temps de pause au cours duquel nous quittons la terre pour nous retrouver transportés dans des visions célestes qui ont pour objet le peuple de Dieu.

Impressionnés par la description des fléaux qui s’abattent sur le monde en guise de jugement, nous pouvons vite nous laisser à penser que celui-ci occupe le thème et l’objet principal de la Révélation. C’est en oublier une autre réalité, celle-ci beaucoup plus positive que la première ! Car si le jugement est nécessaire, comme processus permettant l’instauration du royaume de Dieu, le but ultime poursuivi dans la révélation que donne l’Apocalypse n’est pas le jugement, mais la rédemption, non la destruction du premier ciel et de la première terre contaminés par le péché, mais l’établissement final du tabernacle de Dieu au milieu de Son peuple : Apoc 21,1 à 4.

Deux lignes parallèles courent simultanément tout au long de la révélation jusqu’à leur séparation totale et définitive. La 1ère ligne fait état de la situation du monde, cette partie de l’humanité rebelle qui reste séparée de Dieu. On y voit la trace de plus en plus marquée de la révolte des hommes contre Dieu, révolte qui atteint son point d’orgue dans l’admiration de la bête par la terre entière et sa soumission à son autorité : Apoc 13,4. C’est une ligne marquée par le malheur et la manifestation de plus en plus sévère de la colère de Dieu. La seconde ligne, celle qui nous intéresse le plus, fait état de la situation du peuple de Dieu, plongé certes ici-bas dans la souffrance et la tribulation, mais consolé, restauré, guéri plus finalement glorifié dans la présence de Dieu, et avec Lui. L’alternance de visions à laquelle nous sommes exposés dans le livre poursuit donc un double objet : celui de nous rendre compte de ce que vivent simultanément perdus et élus dans ce temps où se produira pour chacun le grand dénouement

Après la vision des 6 premiers sceaux du jugement : Ch 6, et avant l’ouverture du 7ème : Ch 8, une pause est ordonnée par Dieu pour que, avant que les quatre vents de la destruction s’abattent sur la terre : cf Dan 7,2, une opération spirituelle de marquage et d’identification des élus parmi le peuple juif s’opère.

2. 1ère vision : les 144 000 juifs marqués du sceau de Dieu :

Après l’Eglise, les nations, les éléments cosmiques, c’est vers Israël que, dans la révélation qu’il a reçue, Jean nous amène à porter nos regards. Car Israël, malgré sa désobéissance à Dieu qui a atteint son point maximal dans le rejet du Christ, reste, à cause de l’appel dont il a été l’objet et la fidélité de Dieu, l’objet de Sa grâce et de Son élection. L’apôtre Paul, apôtre des païens, est totalement clair à ce sujet :

a. Il n’a jamais été dans la pensée de Dieu de rejeter de manière définitive Israël : Rom 11,1. Ceux qui, dans la chrétienté, ont pu croire qu’Israël était, depuis la mort de Christ, totalement évincé du plan de Dieu, ont tort (l’Eglise catholique et luthérienne, les témoins de Jéhovah, par exemple…)

b. La preuve en est que Paul, chrétien, est d’origine juive : Rom 11,1-2 et que, si l’Eglise englobe des croyants de toutes les nations, sa racine est juive : Rom 11,17-18

c. Israël se trouve pour l’heure dans une situation paradoxale : à cause de ses pères, il reste aimé de Dieu ; à cause de son rejet du Christ, il est son ennemi : Rom 11,28

d. Cette situation paradoxale, qui a fait les beaux jours de l’Eglise, est provisoire. Vient le temps où l’inimitié qui sépare Dieu d’Israël sera, après que le temps où la grâce de Dieu est offerte aux nations, levée : Rom 11,25 à 27

e. Objet de la bénédiction renouvelée de Dieu, Israël sera alors ce qu’elle aurait toujours dû être dès son origine : la source de bénédiction divine première du monde : Genèse 12,1 à 3 ; Rom 11,15

f. Tout cela ne sera dû qu’à une seule cause : les dons et le caractère irrévocable de la grâce de Dieu : Rom 11,29 à 32

Ce sont les prémices de ce mouvement de réintégration d’Israël comme acteur et porteur de la bénédiction de Dieu et du témoignage de Christ qui nous sont relatés ici. L’Eglise de Jésus-Christ n’étant plus de ce monde, le relais est passé à Israël pour que, au temps du jugement et de l’apostasie la plus totale, le témoignage de Dieu et de Jésus continue à se faire entendre au monde.

Qui sont les 144000 juifs marqués ici sur le front du sceau de Dieu ? Beaucoup d’encre ayant coulé pour essayer de décrypter leur identité, et savoir si, oui ou non, il fallait interpréter de manière littérale la vision de Jean, nous n’allons pas y ajouter, mais nous contenter de relever les détails donnés par l’apôtre à leur sujet :

a. ils sont les représentants à parts égales des douze tribus d’Israël : Apoc 7,5 à 8. Au vu du soin du détail que montre Jean dans l’énumération des tribus, il n’y a, à priori, aucune raison de penser qu’il ne faille pas prendre ici le nombre indiqué à la lettre. Il n’est pas dans l’habitude de la Parole de Dieu de citer des nombres pour indiquer des sommes de manière figurative : ex : Nomb 31,3-6 ; 1 Rois 19,18 ; Actes 2,41

Notons que, de la liste passée, deux noms de tribus ne sont pas mentionnées : Ephraïm, représentée par Joseph, et Dan. Certains commentateurs pensent que cette omission est en lien avec l’entrée de l’idolâtrie en Israël sous le règne de Jéroboam : 1 Rois 12,28 à 30. L’absence du nom des deux tribus fautives à l’époque signifierait que c’est à un nouvel Israël, purifié de toute idolâtrie, que nous aurions à faire dans ces derniers temps.

b. Ils sont marqués au front du sceau de Dieu, sans doute le sceau de l’Esprit : Ephés 1,13 ; 2 Cor 1,22, marque de propriété avant que ne vienne le moment où la bête impose la sienne sur le monde : Apoc 13,16-17, et preuve de leur appartenance à la famille de Dieu en tant que fils : Jean 6,27. Ils formeront sur terre la force humaine de résistance divine à la puissance de l’antichrist.

c. Ils sont l’élite spirituelle du Christ, des hommes habités par un esprit de pureté et de vérité irréprochable : Apoc 14,4, des disciples accomplis et parfaits.

Alors que, du temps de son incarnation, le Christ était accompagné de douze disciples faibles, pécheurs, sujets à l’erreur et à l’ignorance, pris parmi Son peuple, ils seront ici douze mille de chaque tribu, remplis de Son Esprit et de Sa force pour célébrer Ses louanges et annoncer Ses vertus : 1 Pierre 2,9 !

3. 2ème vision : la foule innombrable rassemblée devant le trône : v 9 à 17

Après la description de l’élite juive du Christ, la 2ème vision nous ramène au trône de Dieu devant lequel se trouve rassemblée une foule de rachetés issus de tous les peuples et toutes les nations du monde. Qui sont-ils ? Un des anciens qui posa la question à Jean fournira lui-même la réponse : ce sont, dit-il, tous les martyrs qui seront mis à mort au moment de la grande détresse (ou tribulation).

Les deux visions successives que reçut Jean ici sont complémentaires. Alors que l’Antichrist sévira, il arrivera que, sous l’impact du témoignage et de la prédication des 144 000, des millions de personnes dans le monde se convertiront. Certes, elles ne jouiront pas longtemps de la liberté de culte et de foi dont nous jouissons encore aujourd’hui dans certains pays du monde. Très vite, elles seront arrêtées, jugées et exécutées, quand elles ne tomberont pas sans jugement sous les coups de la police de l’antichrist.

Alors que nous avons tant de mal à gagner une seule âme à Christ parfois, l’impact de l’Evangile sera alors sans précédent. Il en sera de la puissance de la Parole de Dieu comme il en fut de Jonas, le prophète juif vu par le Christ comme un signe : Mat 12,39, en son temps. Tant que Jonas fut dans la désobéissance, le témoignage qu’il rendit à Dieu, contre son gré, ne porta que peu de fruits : quelques marins seulement furent convaincus et crurent : Jonas 1,16. Cette période de la vie du prophète correspond à l’état d’Israël aujourd’hui. Tout autre en sera-t-il au moment où le prophète, en réponse à l’appel de Dieu, se mettra à obéir : des milliers de Ninivites repentants échapperont alors au jugement imminent qui allait fondre sur eux : Jonas 3. C’est l’image de ce qui se produira au moment où l’élite d’Israël se mettra à appeler les hommes du monde entier à la repentance et à la foi en Christ avant le jour de la colère !

Ce temps sera alors le temps de la moisson de tout le peuple de Dieu, temps où la semence jetée en terre par l’Eglise et restée enfouie lèvera soudain au grand étonnement du monde, temps où l’arbre de Dieu, racine et branches, portera son fruit : cf Rom 11,15-16. Que cette vision prophétique certaine nous motive aujourd’hui, sans en voir encore les fruits, à aller de l’avant, fidèle à l’appel reçu de Dieu.

Plusieurs éléments, relevés par Jean, caractérisent l’état et l’activité des martyrs issus de la grande détresse :

a. Ils constituent une foule innombrable venue de tous les peuples et de toutes les nations. Enfin, après tous les efforts missionnaires, l’objectif fixé par le Christ aux disciples, avant Son départ, est atteint : Matthieu 28,19-20. Notons que si l’Eglise a reçu ce mandat du Christ, Israël, d’une certaine manière, l’a reçu le premier par Abraham : Genèse 12,1 à 3. Parce que tel est le cas, il est dans la logique de Dieu que ce soit aussi lui qui l’accomplisse en dernier.

b. Ils se tiennent immédiatement devant le trône et l’Agneau sans crainte et sans devoir passer par le jugement. Ils sont au bénéfice complet du salut apporté par Christ : Jean 5,24.

c. Ils sont revêtus de robes blanches, non en vertu de leur propre qualités, mais à cause de l’effet purificateur du sang de l’Agneau : v 14. Rappelons-nous que, bien que correspondant au prix le plus élevé de la fidélité, être un martyr du Christ ne confère aucune vertu salvatrice. Si les martyrs sont revêtus de robes blanches, cette pureté leur vient de Lui seul et de personne d’autre !

d. Ils ont des branches de palmiers à la main, symbole de victoire et de paix : Lévitique 23,40

e. Ils célèbrent Dieu et l’Agneau pour le salut dont ils ont été l’objet : v 10, et Lui rendent un culte continuel : v 15

f. Ils sont l’objet pour toujours de la protection, des soins et de la consolation que leur donne l’Agneau : v 16 et 17. Il n’est agréable pour personne de passer par le martyr, mais une meilleure résurrection en est l’issue : Hébreux 11,35.

Que notre louange se joigne à celle des anges, des anciens et tous les êtres vivants qui sont dans le ciel pour Dieu et pour l’Agneau !

Je viens bientôt !