samedi 28 novembre 2009

Apocalypse 2,12 à 17 : lettre à l'église de Pergame

1. Introduction :



Après Ephèse et Smyrne, c’est à Pergame que, en vision, le Seigneur conduit Jean et déroule devant lui l’image de ce que sera l’Eglise dans la 3ème étape de son existence historique.

Alors qu’à Ephèse l’Eglise était exposée au risque de la perte de son premier amour et à Smyrne à celui de la persécution, nous sommes confrontés avec Pergame à un danger beaucoup plus subtil et plus pernicieux : ce danger est celui du mélange, mélange entre le vrai et le faux, entre la vérité et l’erreur, entre des enseignements justes, bibliques et des doctrines dont les sources et les origines n’ont rien à voir avec la Parole de Dieu.

C’est là, effectivement, ce qui, sur le plan historique, a marqué l’évolution de l’Eglise. Citée après Smyrne, Pergame nous rappelle que, pour s’opposer au plan de Dieu et à Son projet pour l’Eglise, Satan a recours à deux modes opératoires : le premier, celui utilisé à Smyrne est la violence, le second, celui utilisé à Pergame, est en quelque sorte la corruption. L’un, la violence, est surtout un mode opératoire extérieur (il est rare qu’une église s’effondre parce que ses membres en viennent à s’entre-tuer) ; l’autre, la corruption, le mélange, est un mode opératoire qui agit de l’intérieur.

3ème dans l’ordre des visites du Seigneur aux églises, Pergame hérite de deux désavantages des deux première églises visitées : de Smyrne la persécution qui continue, d’Ephèse, la doctrine des Nicolaïtes : 2,6. Mais au lieu d’être haïe, comme l’était à Ephèse, la doctrine est ici reçue, admise.

Ce que Satan n’arrive pas à faire avec la violence (détruire l’Eglise), il essaye de le faire par la corruption. L’histoire est là toute entière pour dire et témoigner que, si l’Eglise souffre sous la persécution, il est rare que, pour elle, ces temps soient des temps d’affaiblissement. Au contraire ! Comme nous l’avons vu pour l’Eglise de Smyrne à laquelle le Seigneur n’avait rien à reprocher, la persécution, si elle a pour effet de réduire un temps numériquement l’Eglise, amène celle-ci à se préoccuper et à se concentrer sur l’essentiel.

Toute autre est, et nous allons le voir, ce qui se produit lorsque l’Eglise passe de la persécution à la reconnaissance, voire même l’amitié et l’approbation du monde. Jamais l’Eglise n’est alors autant en danger que de perdre son intégrité et sa fidélité aux enseignements et aux doctrines de la Parole de Dieu. Les dégâts qu’occasionne la persécution commencent et finissent avec elle. Il n’en est pas de même avec la fausse doctrine. Semée dans la farine du bon enseignement, elle agit comme le levain qui finit par pénétrer toute la pâte : cf Mat 13,33. Après Pergame, ce n’est pas Smyrne ou Ephèse que l’on trouve, mais Thyatire, une Eglise qui n’est pas seulement infectée par de fausses doctrines, mais qui a carrément à sa tête une fausse prophétesse.

Telle est aussi la réalité de l’histoire. Les fausses doctrines entrées dans l’Eglise les IIème et IIIème siècle vont se traduire les siècles suivants par un système totalement étranger à la Parole et à la pensée de Dieu, système qui subsiste jusqu’à aujourd’hui : le catholicisme avec à sa tête ce que, d’un point de vue biblique, je ne peux appeler autrement qu’un faux prophète : le pape.

Comment ce système est-il né ? De quelle manière a-t-il pu entrer, puis se développer au point de finir par diriger même l’Eglise de Dieu ? C’est ce que nous allons voir maintenant avec Pergame.


2. La ville de Pergame :

« Je sais bien où tu habites ; c’est là que se trouve le trône de Satan : v 13. Il nous est impossible de comprendre ce à quoi fait référence le Seigneur sans connaissance historique de ce qui, au temps où Jean écrit, se passait dans la ville de Pergame.

Aujourd’hui modeste village sans importance, Pergame était, à l’époque de Jean, la capitale très riche d’une province d’Asie. L’un des monarques qui la gouvernaient constitua en son sein une bibliothèque monumentale, forte de 200 000 ouvrages, bibliothèque destinée à rivaliser avec sa concurrente à Alexandrie. Pour la petite histoire, c’est de Pergame que nous vient le nom Parchemin, qui se dit en grec Pergamene et en allemand Pergament.

A Pergame, dit un historien, tout devait être plus grand qu’ailleurs : bibliothèques, colonnades, temples, amphithéâtre… Si la ville est appelée le trône de Satan, ce n’est cependant pas pour ses richesses, mais d’abord et avant tout pour le nombre impressionnant de cultes à caractère occulte que la ville abritait.

Alors que nous étions à Bruges cette semaine, ma femme et moi avons été fortement impressionnés par le nombre considérable d’églises qui sont disséminées dans la ville, et plus encore, par la quantité innombrables de statues de la « Vierge et de l’enfant » gravées sur les maisons et dans tous les coins de rue. Nul doute que Pergame surpassait encore en idolâtrie ce que nous avons vu à Bruges.

En effet, selon les historiens, on trouvait à Pergame :

- un magnifique temple dédié à Athéna, la déesse de la sagesse

- un temple à Bacchus, le dieu des festivités

- le temple d’Esculape, le dieu-serpent de la santé qui avait fait de Pergame le rendez-vous de milliers de pèlerins venus y chercher la guérison (le dieu Esculape figure sur le logo que l’on retrouve à l’enseigne de toutes nos pharmacies)

- un sanctuaire consacré à Jupiter. Le temple de Jupiter à Pergame a été démonté colonnes par colonnes, puis transporté en Europe et reconstruit avant la 1ère guerre mondiale à Berlin, dans le secteur Est de la ville

- le premier temple dédié à un empereur romain, l’empereur Auguste : c’est peut-être pour ce fait plus que tous les autres encore que Pergame est appelée par Jésus le trône de Satan.

Livrée au culte des démons, la cité de Pergame était devenue en son temps le trône de Satan, c’est-à-dire le quartier général de son emprise sur le monde antique.


3. L’Eglise de Pergame :


Le premier enseignement que l’on retire de ce que Jésus dit au sujet de l’Eglise de Pergame est que, si l’Eglise est une société sainte, mise à part pour Dieu, habitée par l’Esprit de Dieu, elle n’est pas pour autant immunisée contre l’influence de la société qui l’entoure. L’exemple nous en est déjà donnée dans le NT par Corinthe, ville réputée pour ses mœurs légères (vivre à la corinthienne), légèreté que l’on retrouve dans la vie des membres de l’église : 1 Cor 5,1.

Au regard de la mentalité de la société qui nous entoure, l’église locale de Pergame nous interroge : qu’est-ce qui, dans nos comportements, notre mentalité, témoigne de l’influence du monde ambiant dans lequel nous baignons ? Dans quelle mesure ce que nous vivons, pratiquons, témoigne du fait que nous sommes véritablement un peuple mis à part pour Dieu, et dans quelle mesure y a-t-il mélange dans nos vies, nos façons de penser entre ce que le monde ambiant dit et fait et ce que la Parole de Dieu nous demande : impact de la psychologie, du relativisme, du rationalisme, du matérailisme…?

S’il y a de bonnes choses dans l’église de Pergame (des témoins fidèles comme Antipas qui a été prêt à donner sa vie pour la défense de la vérité), le Seigneur ne cache pas qu'il a cependant contre elle certains griefs. Le fait pour l’Eglise de Pergame de vivre dans un milieu difficile sur le plan spirituel n’est pas pour le Seigneur une excuse qui justifie ses égarements. Ayant la Parole et l’Esprit de Dieu, nous avons tout ce dont nous avons besoin pour vivre la vie chrétienne que le Seigneur demande de nous !

Quelle était la faute de l’Eglise de Pergame, le grief que le Seigneur avait contre elle ? Ce qu’Il nous dit au v 14 et 15 à ce sujet demande explication.


4. L’enseignement de Balaam

De même que nous ne pouvions pas comprendre pourquoi Jésus appelait Pergame le trône de Satan sans connaître son histoire, il nous est impossible de saisir ce à quoi le Seigneur fait allusion au sujet de Balaam sans connaître au minimum le récit biblique qui en parle.

Pour le comprendre, nous allons donc ouvrir nos Bibles en Nombres 22,1 à 14.

Contexte : Nous nous trouvons avec Balaam au milieu du désert, dans l’un des nombreux épisodes qui jalonnent l’histoire d’Israël, peuple de Dieu sorti d’Egypte par la puissance de Dieu et sous la conduite de Moïse.

Alors que le peuple de Dieu s’approche des frontières du pays promis, nous le voyons remporter de grandes victoires militaires sur les rois qui habitent les territoires sur lesquels il passe. Nomb 21,21 à 36 qui précède le passage que nous venons de lire, nous rapporte ainsi qu’Israël vient juste de conquérir le territoire de 2 rois puissants : Sihon et Og.

Spectateur de ces victoires éclair, Balaq, le roi de Moab qui est le prochain sur la liste, s’inquiète. Si les armes et l’option militaire ne réussissent pas, comment peut-il arrêter Israël ? C’est là que l’idée lui vint de faire appel au devin Balaam, connu pour ses pouvoirs occultes et spirituels. Balaq envoie donc des émissaires vers Balaam pour lui dire : Viens chez moi et maudis Israël, car, dit-il, je sais que celui que tu bénis est béni, et que celui que tu maudis est maudit : v 6.

Balaam demande, avant de donner sa réponse définitive, un temps de réflexion. La nuit même, Dieu vient vers Balaam pour lui interdire de maudire Israël, car, lui dit-il, Israël est béni. Les émissaires retournent vers le roi Balaq pour lui donner la réponse de Balaam.

L’histoire ne s’arrête pas là. La suite du récit nous apprend que Balaq ne renonce pas à son projet. Il envoie de nouveaux émissaires chargés de riches présents dans le but de gagner Balaam. Bien que refusant d’abord, Balaam, avec l’autorisation de Dieu (Dieu ne change pas d’avis : puisque Balaam veut partir, il le laisse), part. En chemin cependant, il aura à faire à la manifestation de la colère de Dieu qui va tenter de l’arrêter en faisant parler son ânesse.

Balaam écoute et s’engage alors devant Dieu à ne prononcer devant Balaq au sujet d’Israël que les paroles qu’Il lui inspirera. C’est ce qui se produit et que nous rapporte Nomb 23 et 24.

On pourrait croire en lisant le livre des nombres sans lire le passage de l’Apocalypse que l’histoire de Balaam s’arrête là. En fait, il n’en est rien. Car Jésus nous apprend qu’après avoir béni Israël, Balaam, voyant Balaq déçu, a prodigué de nouveaux conseils.

Puisque les sorts et les enchantements n’ont aucun pouvoir sur Israël, Balaam a suggéré à Balaq une autre voie pour provoquer la chute du peuple de Dieu : c’est la voie de la séduction, du compromis du mélange.

C’est en quelque sorte comme si Balaam avait dit à Balaq : « Puisque tu ne peux pas vaincre Israël de l’extérieur, soit par les armes, soit par l’occultisme, je te propose une autre voie : essaie de le corrompre de l’intérieur. Tu as un allié puissant avec toi au sein d’Israël : son propre cœur mauvais. Fais vibrer les cordes de son cœur naturel et je suis sûr qu’il y répondra. Ainsi, ce n’est pas toi qui détruira ce peuple, mais lui-même en s’exposant au jugement de Dieu ! »

La ruse et l’enseignement de Balaam fiont mouche. Immédiatement après Nomb 24, on trouve Nomb 25,1 à 5 qui nous montre l’efficacité et le succès de la doctrine de Balaam toute entière fondée sur le mélange et le compromis. Séduit par les filles de Moab, les fils d’Israël adoptent leurs coutumes et commencent à offrir des sacrifices à leurs dieux.

5. Application pour l’Eglise

Alors que, sortie de la persécution, l’Eglise de Jésus-Christ apparaît comme une force irrésistible et victorieuse dans le monde, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Séduite par le pouvoir romain qui ordonne que le christianisme devienne religion d’Etat, l’Eglise s’empêtre dans le mélange, et adopte de multiples articles de foi étrangers à l’Evangile. Elle sombre du coup dans l’erreur et l’adultère spirituel et perd ce qui, jusqu’alors, faisait sa force : son attachement à Dieu et à Sa Parole !

C’est l’époque de la naissance des grandes hérésies dite chrétiennes qui subsistent jusqu’aujourd’hui :

- la naissance du culte marial, du purgatoire

- la primauté de l’évêque de Rome sur les autres

- l’invention du clergé seul habilité à comprendre et expliquer la parole et donner les sacrements

- la célébration de la messe

- la naissance de la Tradition mise au même niveau que la Bible, etc…

Voir le livre : les deux Babylones


6. Remède contre le mal qui ronge l’Eglise de Pergame


Le mélange étant entré à Pergame, quel remède le Seigneur préconise-t-il pour guérir cette église infectée par la fausse doctrine. Comme il en est pour Smyrne et pour Ephèse, c’est dans le nom sous lequel le Seigneur se présente à cette église que se trouve le secret du remède qui peut la guérir : v 12 à 18

C’est de l’épée à double tranchant qui sort de la bouche du Seigneur : Apoc 1,16, que seule peut venir la délivrance pour une église infestée par le mélange doctrinal. Cette épée qui, seule, a le pouvoir d’aiguiser notre discernement, est, précise l’épître aux hébreux, l’épée de la Parole de Dieu : Hébr 4,12.

Face aux tentatives de corruption dont le Seigneur a lui aussi été l’objet dans le désert, nous nous souvenons que Sa défense n’a été faite que d’une seule chose : Il est écrit. C’est ce mode défense qu’Il nous demande aussi d’adopter face à toutes les doctrines par lesquelles Satan essaye d’infiltrer l’église pour la détruire de l’intérieur.

Alors que l’idolâtrie se répandait à grande vitesse dans le peuple d’Israël, la Bible rapporte que Phinéas, l’un des neveux de Moîse, qui était prêtre, prit sa lance et transperça d’un seul coup un Israélite et une moabite qui couchaient ensemble : Nomb 25,6 à 9 Par son zèle, il mit fin au jugement de Dieu qui avait déjà décime 24 000 personnes dans le camp, ce qui lui valut d’être l’objet d’une alliance perpétuelle de paix de la part du Seigneur : Nomb 25,10 à 13.

Dans un temps où la vérité se mélange avec l’erreur, le Seigneur est toujours à la recherche de Phinéas, d’hommes saints sans compromis avec la Parole, capables de brandir avec lui l’épée de l’Esprit pour séparer dans le peuple de Dieu ce qui est pur, de ce qui ne l’est pas, ce qui est profane de ce qui est sacré. C’est là le défi particulier qui revient à tous les hommes de Dieu dans tous les siècles.

7. Récompenses promises au vainqueur

Même si l’Eglise de Pergame est infectée par l’erreur, il est tout de même possible en son sein d’être vainqueur. A celui qui, là où se trouve le trône de Satan, Lui reste fidèle, le Seigneur promet deux récompenses :

- la 1ère est de le nourrir de la manne cachée. Cette manne, nous le savons, était la nourriture céleste que Dieu, chaque jour, fit descendre du ciel pour nourrir miraculeusement Son peuple dans le désert. Dieu, de même, promet aux membres de Son peuple qui Lui reste fidèle au milieu de l’erreur de les soutenir et de les nourrir chaque jour miraculeusement par le pain de Sa Parole

- la seconde est un caillou blanc sur lequel est écrit un nom nouveau que seul celui à qui il est destiné connaît.

Il y avait, semble-t-il, dans l’Antiquité, 3 usages particuliers pour le caillou blanc :

- lors d’un jugement, les cailloux noirs symbolisaient la condamnation, et les cailloux blancs l’acquittement.

- Les cailloux blancs étaient aussi utilisés lors d’un vote pour exprimer son suffrage lors d’un débat

- Le caillou blanc servait enfin au maître de cérémonie lors d’un repas pour inscrire le nom des invités.

L’idée présente derrière le caillou blanc sur lequel se trouve le nom des vainqueurs, est la promesse que Dieu fait qu’il fera asseoir à Sa table et près de Lui tous ceux qui, au cours des siècles, seront fermement attachés à la Vérité. Il les appellera Lui-même par leur nom, le nom qui caractérisera ce qu’ils ont été (Fidèle, Vaillant…) pour les faire siéger avec Lui à sa droite, dans les cieux !

Que Dieu nous donne en notre temps d’être trouvé parmi ces vainqueurs !


Je viens bientôt !