vendredi 20 mai 2011

Apocalypse 12 : deux grands signes

1. INTRODUCTION :

Nous abordons avec le chapitre 12 la partie centrale de la Révélation. Tous les acteurs principaux de celle-ci au cours des siècles s’y trouvent réunis pour la confrontation et le dénouement finaux : la femme qui donne naissance au fils qui doit gouverner le monde, le fils né puis enlevé au ciel, le grand dragon, l’archange Michel ; dans le chapitre 13, les deux bêtes ; dans le 14 : l’Agneau et les 144 000. L’étude de chacun des personnages, tel qu’il nous est décrit, et le rôle qu’il y joue est la clé de la compréhension de la vision reçue ici par Jean

2. Deux signes dans le ciel : une femme enceinte, un dragon rouge : v 1 à 6

C’est dans le ciel que se situent les deux signes que voit Jean : le signe de la femme et celui du dragon rouge : v 1 et 3. S’il en est ainsi, cela ne signifie pas pour autant que les choses décrites se passent dans le ciel, mais plutôt qu’elle en ont là leur origine.

a. 1er signe : une femme… enceinte : v 1 et 2

Le 1er signe que voit Jean est celui d’une femme peu ordinaire. Elle est revêtue du soleil, a la lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur la tête. La vision de Jean recoupe une autre vision qui lui est semblable : celle qu’a eu Joseph, fils de Jacob, au temps de sa jeunesse, vision qui choquera et irritera ses frères et jusqu’à Jacob, son père : Genèse 37,9 à 11. Alors qu’ils ne sont encore qu’une famille de bédouins nomades, la vision décrit ce que représente la famille de Jacob pour le ciel. La vision de Joseph ne parle pas d’une femme car Israël, en tant que nation, « épouse de Dieu », n’existe pas encore. Mais le dessein d’élection de Dieu existe déjà : Rom 9,11 : Jacob est choisi plutôt qu’Esaü.

Avant l’Apocalypse, de nombreux textes de l’Ancien Testament présente Israël, et Jérusalem en particulier, comme l’épouse première de Dieu : Ezéchiel 16,6 à 8, Esaïe 54,5-6, une épouse qu’il a du répuder à cause de ses nombreuses infidélités : Esaïe 50,1 ; Jérémie 3,1 à 5 ; Osée 2,4 à 9, mais à qui il fait une promesse de retour et de pardon : Osée 2,16-17.21-22 (mention du désert) ; Esaïe 62,4-5. Quoi que soit devenu Israël, Paul rappelle que, pour toujours, elle reste liée à Dieu comme une épouse à son époux, car c’est d’elle qu’est issu le Christ selon la chair : Rom 9,5.

Le fait que la femme mentionnée est Israël se confirme par ce qui lui arrive suite à la naissance, puis l’élévation de son fils dans le ciel : v 6. De manière surnaturelle, elle est conduite par Dieu dans un lieu sûr pendant les 1260 jours (3 mois et demi), pendant lesquels la bête, se déclarant Dieu dans le temple de Jérusalem, cherchera à la détruire : cf Apoc 11,2-3.

Pour toutes ses raisons, plus le fait que la femme, mis à part le fils mâle, a une nombreuse descendance : v 17, il est impossible qu’elle soit Marie, la mère physique de Jésus.

b. 2ème signe : le dragon rouge feu : v 3

Le 2ème signe que voit apparaître Jean est celui du dragon. Contrairement à celui de la femme, nous n’avons pas besoin de nous interroger pour connaître l’identité de celui qu’il représente, car elle nous est révélée : v 9. Il s’agit du serpent ancien, le serpent de la genèse : Genèse 3,1 à 5, appelé le diable ou Satan (l’adversaire). Sa description nous est utile pour comprendre quels pouvoir et autorité il possède :

- le dragon a la couleur du second cheval de l’Apocalypse, celui qui est envoyé sur la terre pour la guerre et le massacre : Apoc 6,4. Il souligne le caractère du diable qui est d’être meurtrier : Jean 8,44.

- Il a sept têtes : la tête est toujours mentionnée dans l’Ecriture comme le symbole du commandement : Ephés 1,22 ; Genèse 41,40. Le fait que le dragon ait sept têtes indique qu’il possède la plénitude de l’autorité sur le monde : Luc 4,6 ; 1 Jean 5,19.

- Il a dix cornes : la corne dans la Bible est toujours l’image d’un pouvoir exercé : Daniel 7,8. Les dix cornes du dragon s’incarneront en dix rois au travers desquels la bête exercera son pouvoir universel : Apoc 17,12.

- Il a sur ses têtes sept diadèmes : le diadème sur la tête est un signe de l’autorité et de la royauté. C’est le signe distinctif des souverains : cf 2 Sam 1,10. Satan est bien le prince de ce monde : Jean 12,31.

Outre son apparence, la vision de Jean relate quelles sont les œuvres principales du diable dans l’histoire :

- Dans le ciel, il a entraîné dans sa révolte le tiers des anges : v 4.

- Sur terre, son but premier et principal aura été d’empêcher la venue du Christ dont il a entendu parler de la venue dès la genèse : Genèse 3,15. De là viennent ses tentatives de détruire tous les libérateurs suscités par Dieu pour Israël comme nation :

- Moïse : Exode 1,16

- Jésus : par Hérode : Mat 2,16 à 18, ou par la haine de ses adversaires : Jean 7,30 ; 8,20.

Ou de détruire la nation en elle-même : Esther 3,13

Battu sur tous les plans, Satan ne pourra empêcher le dessein de Dieu en Jésus-Christ de s’accomplir. Impuissant, il devra assister à Golgotha au triomphe du Messie et à sa propre défaite : Col 2,15. Vaincu et désarmé, il ne pourra empêcher le retour du Messie ressuscité dans la gloire et son intronisation comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs : v 5 ; Ps 110,1.

Remarquons ici la sobriété des éléments rapportés au sujet de l’enfant qui va naître de la femme. Le but de Dieu ici n’est pas de présenter un parcours exhaustif de la vie de l’enfant promis par Esaïe le prophète : Esaïe 9,5, mais de souligner ce qui, dans ce parcours, est en lien direct avec l’opposition du dragon. Ses éléments sont au nombre de trois :

- le sexe de l’enfant : il sera un mâle : Jésus est le nouvel Adam, l’homme chef de la nouvelle humanité : Rom 5,14

- la tentative de meurtre sur sa personne dès sa naissance par Hérode : Mat 2,16 à 18

- l’enlèvement de l’enfant et sa mise à l’abri dans une sphère hors de portée de Satan, dans la présence même de Dieu : Hébr 1,3

- son règne futur sur la terre avec une poigne de fer : Psaume 2

Les deux éléments témoignent de la victoire absolue remportée par le Christ sur Satan par Sa résurrection et Son ascension : Jean 16,10

Notons que parmi ces éléments faisant partie intégrante du parcours de Jésus, la croix n’est pas mentionnée. La croix n’est en rien une victoire ou le produit d’une œuvre du diable. Elle est le résultat du choix volontaire de Jésus : Jean 10,18 ; Mat 26,42, l’accomplissement même du dessein de salut de Dieu pour le monde : Actes 20,28.

3. Guerre dans le ciel : v 7 à 12

Alors que le passage précédent nous introduisait dans les coulisses de l’histoire passée, les versets de ce passage nous projettent sur ce qui va se produire bientôt. Après avoir sévi à partir du ciel, vient le moment où le Rebelle en est éjecté suite à une guerre angélique menée contre lui et ses armées par Michel et les siennes.

La structure du texte nous révèle ainsi que si les anges sont d’abord «des esprits au service de Dieu : Hébr 1,14 », il existe dans le monde des créatures célestes une hiérarchie de puissances auxquelles sont affiliées des cohortes entières d’anges : cf Ephés 6,12. Michel comme Satan sont comptés parmi ces chefs à qui une grande autorité a été donnée, dès la création, dans le monde invisible : cf Daniel 10,21 ; 12,1. Si Lucifer, devenu Satan, était un chérubin protecteur : Ezéchiel 28,14, Michel est compté pour sa part parmi les archanges : Jude 1,9. La respect de l’autorité de chaque créature dans le ciel est tel que personne parmi elles ne se permet d’injurier l’autre, quand même il serait devenu un farouche adversaire.

Alors que nous sommes dans la partie centrale de la Révélation, partie dans laquelle Jérusalem et Israël occupent le devant de la scène, il n’est pas anodin de remarquer que c’est à l’archange Michel que revient l’honneur de précipiter Satan du ciel. Michel est, dans les lieux célestes le prince d’Israël : Dan 10,21 ; 12,1, comme il existe d’autres princes au service de Satan, à qui sont attribués la charge spirituelle d’autres nations : Dan 10,13. La victoire de Michel sur Satan dans le ciel est le prélude de sa défaite sur terre dans son projet de détruire Israël.

Sur le plan spirituel, l’éviction de Satan de la sphère céleste inaugure incontestablement un temps nouveau. C’est le temps où, dans les sphères célestes, le pouvoir de Christ et la puissance de Dieu ne sont plus contestés : v 10. Car ce n’est pas seulement Satan qui est évincé du ciel, mais encore tous les anges qui l’ont suivi dans sa révolte et lui sont affiliés ! Ni Satan, ni ses anges n’ont accès désormais à l’assemblée des esprits, telle que la décrit le livre de Job : Job 1,6.

Si le premier aspect de l’éviction de Satan et de ses anges touche le monde des créatures célestes, le second nous concerne. Satan évincé, il n’y a désormais plus d’accusateur pour les saints devant Dieu : Zach 3,1 ; Rom 8,33. Or, s’il y avait, mis à part celui de la tentation, un ministère que Satan pratiquait avec assiduité dans le ciel, c’était bien celui-là. Fort de nos chutes, de nos égarements, Satan n’avait pas à chercher loin pour trouver de la matière à ses plaidoiries contre le peuple de Dieu. Jour et nuit, il pouvait se présenter devant Dieu pour avancer de nouveaux éléments justifiés pour nous blâmer au regard de la justice de Dieu. Si lui était condamné, arguait-il, les saints de Dieu ne valaient pas mieux : eux aussi méritaient de l’être.

La justification des saints face aux accusations légitimes de Satan tient, dit la voix qui s’exprime à partir du ciel, en trois points :

- le sang de l’Agneau. Le Christ, ayant payé, par Sa vie, le prix des fautes de tous les hommes devant Dieuil n’y a aucune raison pour que les saints soient condamnés pour les leurs. Là où la justice a été satisfaite, aucune sanction n’est plus nécessaire : Rom 3,24 à 26

- la parole de leur témoignage. Parce qu’ils ont confessé Christ dans le monde, Christ s’est engagé à confesser le nom des saints dans le ciel auprès des anges : Luc 12,8. Etre connu de Christ est la seule assurance que peut avoir le chrétien face aux accusations du malin : Matthieu 7,21 à 23

- le sacrifice de leurs vies. Si tous ne sont pas appelés à passer par le martyr, rien ne signe autant la défaite et l’impuissance de Satan dans ce monde que la preuve que donne les saints de leur affiliation à Christ par le choix qu’ils font de préférer mourir à cause de Lui plutôt que de Le renier.

Si Satan est vaincu par Michel, il l’est aussi sur terre par les saints, dans l’utilisation des armes que Dieu leur donne : v 11.

La 3ème conséquence de l’éviction de Satan du ciel touche à ce qui va désormais advenir sur terre. Animé d’une grande fureur, Satan, ne pouvant désormais plus rien faire pour nuire à Dieu au ciel, va désormais retourner sa colère contre les seuls sur qui il peut encore agir dans l’espace qui lui reste : les hommes.

4. Tentatives de persécutions sur terre : v 13 à 18

Satan débouté du ciel, le premier objectif de sa colère sera de s’en prendre à ce qui lui rappelle le ciel et qui, ici-bas, à ce moment-là, en portera la marque : Israël. Comme le Pharaon poursuivant Moïse après la sortie d’Egypte, toutes ses tentatives pour détruire le peuple de Dieu se solderont par l’échec. Dieu sauvera de nouveau Son peuple en lui assurant la même protection qu’autrefois : Exode 19,4 ; cf Esaïe 40,31. L’ange de l’Eternel veillera sur eux pour les arracher au danger : Psaume 34,8, soit par des interventions célestes miraculeuses, soit par des phénomènes terrestres salvateurs : v 14, 16, cf Nomb 16,30 à 32.

Comme il en fut lors de sa délivrance d’Egypte, Israël devra de nouveau, dans cette partie sombre de son histoire, apprendre à vivre de Dieu, de Sa providence et de Ses bons soins dans le désert : v 14. Le temps de son exode ne durera pas cette fois-ci 40 ans mais trois et demi, temps où les nations seront livrées à la folie meurtrière de l’Antichrist. Israël vivra alors de nouveau de la manne de Dieu, recevant quotidiennement ce dont elle aura besoin pour vivre : cf Exode 16,13 à 19.

Impuissant pour détruire la femme, la colère du dragon se retournera in fine contre sa descendance : les individus qui, dans le monde, garderont les commandements de Dieu et porteront le témoignage de Jésus : v 17 ; cf Jean 14,21.

Je viens bientôt !