jeudi 17 février 2011

Apocalypse 9 : deux trompettes

Le jugement de la 5ème trompette : v 1 à 12

1. Introduction :

Suite à la 4ème trompette, l’aigle qui était apparu dans le ciel avait prévenu : si les châtiments qui avaient atteint l’humanité jusque là étaient terribles, les trois qui allaient suivre le seraient encore davantage : Apoc 8,13. Les fléaux qui s’étaient abattus jusque là sur la terre avaient touché l’environnement de l’homme, son cadre de vie. Avec la 5ème trompette, ce sont les hommes eux-mêmes qui sont directement atteints dans leurs corps et dans leurs âmes par les souffrances qu’occasionne le mal libéré par le son de la trompette.

Le effets néfastes des forces destructrices et diaboliques, libérées par autorisation divine contre les hommes, suivent le cours et la procédure de l’épreuve que connut Job, exposé à la même source de tourments que le sera l’humanité dans la période décrite ici. Après que le Malin ait reçu l’autorisation par Dieu de détruire l’environnement dans lequel vivait Job, environnement qui était le témoignage de la bénédiction de Dieu et de sa prospérité, ses attaques marquèrent une pause. Le Malin n’a reçu de Dieu que l’autorisation de s’attaquer aux biens de Job, non à sa personne : Job 1,12. Pour franchir cette étape, il lui faut nécessairement son consentement, un nouveau mandat : Job 2,4 à 6. Satan se présente donc de nouveau à Dieu, réclamant l’autorisation d’aller plus loin encore que ce qu’il avait été dans l’affliction qu’il voulait porter à Job. Dieu, voulant donner le preuve de la justesse de la confiance qu’Il a dans la foi et la piété de Job face aux insinuations du Malin, lui donne son consentement tout en lui imposant une nouvelle limite : Job 2,6 : Job souffrira dans son corps, mais ne devra pas mourir.

Le même scénario, pour d’autres raisons, est suivi ici. Les 4 premières trompettes ayant produit leur effet destructeur sur l’environnement, une pause est accordée. Sans doute, Dieu attend-Il et espère-t-Il de la part des hommes, un retour en eux-mêmes, comme le vécut le fils prodigue exposé au malheur et à la famine : cf Luc 15,17 à 19. Si les malheurs qui frappent les hommes sont le signe du jugement de Dieu, c’est, dit Jésus, non la souffrance humaine que Dieu vise à travers eux, mais la repentance : Luc 13,1 à 5. La fin du chapitre 9 nous montre aussi que c’est clairement elle qu’Il vise ici : v 20-21. Ne la voyant pas se produire, Dieu donne l’autorisation à Satan d’aller plus loin. Après avoir abattu ce qui était la source du bonheur et de la prospérité de l’humanité, son cadre de vie, c’est aux hommes, qui ne se sont pas repentis et, par conséquent, qui ne sont pas marqués par le sceau de Dieu, que le Malin va s’attaquer. Comme il en sera pour Job en son temps, leur souffrance sera telle à ce moment-là qu’ils soupireront après la mort. Mais la mort ne viendra pas : v 8.

2. Nature du jugement

Il nous est difficile, à partir du seul récit de la vision de Jean, de nous faire une idée matérielle précise du type de fléau auquel il fait allusion ici. Pour autant, nous ne sommes pas sans indication :

a. le fléau est déclenchée par la chute d’une étoile du ciel sur la terre :

Cette chute peut être celle de l’éviction définitive de Satan de la sphère céleste, éviction qui nous est rapportée en Apoc 12,7 à 9. Déjà au temps où Il était sur terre, Jésus vit, suite à l’envoi en mission des premiers disciples, Satan tomber comme un éclair du ciel sur la terre : Luc 10,18. Sous la figure du roi de Babylone, Esaïe prophétisa en son temps la chute de l’astre brillant, l’adversaire de Dieu orgueilleux et ambitieux : Esaïe 14,12 à 15. La chute de l’étoile décrite ici, plus terrible qu’Absinthe tombée avant elle : Apoc 8,10-11, pourrait bien figurer celle de Satan. On comprend dès lors que, n’ayant plus que la terre comme sphère d’activité, le sort de l’humanité entière s’en trouve gravement affecté.

b. l’étoile possède la clé de l’abîme et l’ouvre

L’abîme est le lieu dans lequel les mauvais esprits craignent par excellence d’être jetés : Luc 8,31. C’est le lieu dans lequel sont tenus enchaînés, dans l’attente de leur jugement, certaines puissances infernales qui ont péché avant la période de Noé : 2 Pierre 2,4 ; Jude 5-6 (allusion est faite ici aux anges qui se sont unis aux femmes et ont donné naissance à une race de géants : Genèse 6,1 à 5). C’est aussi le lieu dans lequel le diable sera jeté pendant 1 000 ans après que son faux christ et le faux prophète qui le servait soient vaincus par le Christ : Apoc 19,20 à 20,3. Le jugement décrit ici consisterait donc en la libération de myriades d’esprits malfaisants qui, autrefois enchaînés dans l’abîme, seraient lâchés pour tourmenter une dernière fois pendant une durée limitée (5 mois), l’humanité.

c. Les esprits lâchés ressemblent à des criquets et leur pouvoir est pareil aux scorpions

Les invasions de criquets (ou sauterelles) sont toujours décrites dans la Bible comme l’un des moyens par lesquels le jugement de Dieu s’opère. Ce fut le cas en Egypte au temps de Moïse : Exode 10,12 à 14, mais aussi plus tard en Israël : 2 Chr 7,13 ; Amos 7,1 ; 1 Rois 8,37 ; Joël 1,4. Ce qui caractérise le fléau que représente cette invasion est à la fois le caractère innombrable des insectes présents dans la nuée : cf Joël 2,25 et l’effet destructeur de leurs passages sur la végétation : Exode 10,15. Pour exemple, l’Afrique du Sud garde depuis 1784 la mémoire du plus gros essaim de sauterelles jamais enregistré. Celui-ci couvrait près de 3 000 km² et engloutissait chaque jour l’équivalent de 600 000 tonnes de nourriture.

Les criquets dont nous parle le chapitre 9 de l’Apocalypse diffèrent des insectes qui portent le même nom sur au moins 3 points :

- le 1er est que leur légion est dirigée par un chef, contrairement à celles des animaux : Prov 30,27 ; Apoc 9,11

- le second est qu’elles ne s’attaquent pas à la végétation, ce que font uniquement les insectes, mais aux hommes : Apoc 9,4-5

- le 3ème est qu’elles sont munies d’une queue et d’un dard par lequel elles occasionnent la souffrance que ressentent ceux qui sont piqués : Apoc 9,10.

Alors que Satan est précipité manu militari du ciel sur terre, nous pouvons penser que la libération des esprits mauvais de l’abîme, dans le but unique de tourmenter les humains, est de les dépersonnaliser au point qu’ils soient tous prêts, l’heure venue, d’accepter sans broncher la domination de l’Antichrist. Tous les tortionnaires et les dictateurs le savent : rien de telle que la souffrance pour affaiblir la résistance intérieure des êtres. Même pécheur, l’être humain est à l’image de Dieu. Il ne renonce à sa liberté que sous la pression de trois éléments : l’amour, la contrainte ou la manipulation. Dans les 3 cas, la souffrance joue un rôle de premier plan :

- parce que Christ a souffert pour lui, le chrétien est prêt à renoncer à sa liberté pour entrer dans la soumission à son Seigneur : Mat 16,24

- parce que la souffrance exercée par la contrainte et la manipulation deviennent intolérables, les victimes des tortionnaires finissent par capituler et se rendre à leur volonté.

Parlant de la souffrance ressentie par les victimes du fléau de la 5ème trompette, Jean nous dit qu’elle est semblable à celle du scorpion. Or, c’est aux esprits malfaisants que Jésus Lui-même identifie dans l’Evangile le scorpion : Luc 10,19. Pour information, bien que n’étant pas toujours mortelle, la piqûre du scorpion est l’une des plus douloureuses que l’on puisse connaître. Mise à part la douleur, elle provoque quantité d’effets indésirables : sueurs, diarrhées, malaises, pieds et mains froides, sensation d’engourdissement au niveau de la zone piquée, nécroses qui peuvent nécessiter une intervention chirurgicale.

d. le nom de leur roi était Abaddon (en hébreu) et Apollyon (en grec : le Destructeur

Le fait que Jean mentionne le nom du roi qui mène les armées infernales libérées de l’abîme dans les deux langues dans lesquelles a été donnée la révélation (la Bible) n’est pas sans importance. Cette mention pourrait indiquer que le fléau frappera, aussi bien parmi les juifs que parmi les non-juifs de l’époque, tous ceux qui ne se seront pas tournés vers Christ, c’est-à-dire qui n’auront pas renoncé à leur liberté pour se soumettre à Sa royauté. Cités ensemble, juifs et grecs dans la Bible sont toujours synonymes de représentation de l’humanité entière : Rom 1,16 ; 2,9-11 ; 1 Cor 1,22 à 24.

Le jugement de la 6ème trompette : v 13 à 19

C’est de l’autel d’or qui est devant Dieu, dans le tabernacle céleste, que Jean entend la voix qui ordonne la mise en oeuvre du fléau de la 6ème trompette.

Contrairement à l’autel d’airain des holocaustes, qui était dans le parvis du tabernacle, l’autel d’or était situé à l’intérieur de celui-ci : Exode 40,5.26. Si l’autel d’airain servait au sacrifice, le sang ne coulait jamais sur l’autel d’or. L’autel d’or était le lieu d’où s’élevait l’encens, symbole des prières des saints : Apoc 8,3. Comme il en fut pour l’ouverture du 7ème sceau, on peut penser que le malheur de la 6ème trompette est directement lié à la vengeance de Dieu en réponse à la prière de tous les martyrs de la foi Lui demandant de faire justice : Apoc 6,10.

Alors que ce n’était pas le cas jusqu’à présent, Jean situe de manière précise l’origine géographique du nouveau malheur qui vient : l’Orient. Quatre anges, liés sur le grand fleuve, l’Euphrate (2 780 kms), sont déliés pour permettre à une armée de 2 millions de cavaliers de déferler pour tuer le tiers de l’humanité.

En tant que fleuve, ce n’est pas la 1ère fois que l’Euphrate est mentionné dans la Bible comme une frontière séparant différents mondes :

- Gen 2,14 : dès sa mention dans la genèse, l’Euphrate sépare le jardin d’Eden du reste du monde

- Gen 15,18 ; Deut 11,24 ; Josué 1,4 : il sépare le pays promis par Dieu aux juifs, Israël, des nations païennes

- Apoc 16,12 : il est la barrière naturelle qui sépare les peuples d’Orient (Iran, Irak et, plus loin, Inde et Chine…) de ceux de l’Occident (Europe, Israël, Etats-Unis…)

Considérant ce repère géographique donné par Jean, on peut donc penser que le fléau de la 6ème trompette décrit une sorte de guerre, venant de l’Orient, coalisant 4 puissances spirituelles antichrétiennes (les 4 anges : islam, hindouisme, communisme, confucianisme ?) contre l’Occident, empreint des anciennes valeurs du christianisme. guerre qui verra la mort d’un tiers des habitants de la terre : un choc des civilisations que beaucoup prédisent, à court ou long terme, comme inéluctable (Samuel P. Huntington : le choc des civilisations : Odile Jacob). A l’instar de Pilate et Hérode, devenus soudainement amis dans leur opposition à Jésus : Luc 23,12, les forces fondamentalement contraires au christianisme s’entendront et se coaliseront pour rayer de la carte la civilisation qui en porte le plus la marque. Il est sans nul doute du juste jugement de Dieu de châtier en premier les peuples qui, les premiers, ont reçu l’Evangile et ne l’ont pas gardé par ceux qui, longtemps, ont été privés de sa lumière : cf 1 Pier 4,17; Esaïe 2,6 à 10

Comme il en est pour le fléau précédent, la description des armées venant de l’Orient ne laisse planer aucun doute sur l’origine diabolique de l’attaque. On y retrouve le double caractère du diable, le lion et le serpent : v 17 à 19, et le but qui est le sien pour tous les hommes : le meurtre : Jean 8,44. Que seront ses armées ? Vu la précision géographique de leur origine, on peut penser que la vision de Jean se rapporte ici à des réalités d’ordre militaire ! Le physicien Bernhard Philbert y voit pour sa part la description possible de blindés qui, au niveau de la connaissance qu’avait Jean, ne pouvaient être mieux dépeints qu’il ne l’a fait.

Le grand message que nous communique le chapitre 9 sur les deux premiers malheurs est qu’il viendra un temps où, pour juger la terre, Dieu libérera des forces spirituelles de destruction inconnues jusqu’aujourd’hui. Christ, nous rappelle l’Ecriture est Celui qui soutient toutes choses par Sa parole puissante : Hébr 1,3. Il est aussi, comme il nous l’est montré avec Job, Celui qui retient le Malin et lui permet aussi d’agir dans les limites qu’Il lui fixe !

Réactions des hommes après le passage des deux premiers malheurs : v 20-21

Malgré les souffrances et l’hécatombe conséquentes au passage des deux premiers malheurs, Jean ne discerne aucun changement d’attitude, aucun mouvement de repentance dans le cœur de ceux qui subsistent. Les hommes continuent à s’adonner à l’idolâtrie et l’occultisme. Ils ne changent rien à leurs pratiques, ou leurs comportements immoraux et impies. Comment dès lors, le processus du jugement entamé pourrait-il s’arrêter ?

Je viens bientôt !

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