vendredi 15 octobre 2010

Apocalypse 6 : ouverture des 6 premiers sceaux

1. Introduction :

Le trône de Dieu dressé pour le jugement, l’Agneau, à qui le Père a remis, à cause de Son humanité, le pouvoir de juger : Jean 5,27, prit le livre sur lequel était écrit des lamentations, des plaintes et des gémissements : Ezéchiel 2,9-10 pour en ouvrir les sceaux !

2. Le 1er sceau : le cheval blanc : v 1 et 2

A la question posée par Ses disciples sur les signes leur permettant de reconnaître le temps de Son avènement, la 1ère réponse que Jésus fera est : « Prenez garde que personne ne vous séduise ou ne vous égare : Mat 24,4 ; Luc 21,8. Ne s’arrêtant pas là, Jésus poursuit en décrivant en quoi résidera ce risque d’égarement et de séduction : Beaucoup se serviront de mon nom en disant : C’est moi qui suis le Christ ! : Mat 24,5 ; Luc 21,8.

La séduction spirituelle à grande échelle sera, de la part de l’Agneau, le premier moyen par lequel Il opérera le jugement du monde. Ce moyen de jugement est, selon les propos mêmes de Jésus, conforme à la justice : puisque le monde n’a pas voulu de Lui comme Messie, il se condamne à se laisser séduire par tout autre qui prétendra l’être : Jean 5,43. L’apôtre Paul le rappelle : l’égarement n’est pas le fait du hasard, mais la conséquence inévitable de l’absence dans le cœur de l’amour de la vérité : 2 Thes 2,9-10.

La séduction sera d’autant plus efficace que, en apparence, le cavalier monté sur le cheval blanc ressemblera trait pour trait à Christ lui-même : Apoc 19,11. Cela à tel point que certains commentateurs de l’Apocalypse ont pensé qu’il s’agit ici de Jésus lui-même. Nous croyons plutôt qu’après avoir été séduit et trompé par Sa caricature, c’est au vrai Christ que, à la fin de son histoire, le monde aura à faire. Cette ressemblance trompeuse ne doit pas nous étonner. Toute l’Ecriture est unanime ( et nous le verrons quand nous étudierons plus tard la personnalité de la bête) pour nous avertir du pouvoir d’imitation incroyable dont le diable peut faire preuve pour séduire les hommes : 2 Cor 11,13 à 15 ; Apoc 13,11.

Les intentions du cavalier montant le cheval blanc nous sont ici clairement révélées : c’est non en subordonné, ni en vue d’être l’un de ceux qui partagent le pouvoir avec d’autres qu’il s’élance, mais bel et bien pour conquérir toute la terre : ce que n’a jamais pu accomplir aucun homme avant lui. Le cavalier du cheval blanc va obtenir du diable ce qu’il a tenté d’offrir à Jésus au début de Son ministère : Luc 4,5-6.

Le fait que le cavalier jugé sur le cheval blanc précède les autres ne doit pas nous étonner. Toute conquête de grande envergure sur le monde repose d’abord sur la formulation d’une doctrine ou d’une idéologie. Chaque conquérant ou prétendant au pouvoir universel avait son livre qui était comme sa Bible, la parole qui devait être crue et suivie : Hitler – Mein Kampf ; Mao et son petit livre rouge ; Karl Marx et le Capital ; Mahomet et le Coran… La première réussite de ce cavalier sera de gagner le monde à une pensée à laquelle l’humanité adhérera de manière globale. Pas étonnant qu’il apparaisse aux yeux de tous comme le Messie.

L’instrument par lequel le cavalier chevauchant le cheval blanc opère est l’arc. Paul, déjà, avertit les chrétiens de se méfier des traits enflammés du Malin : Ephés 6,16. Arme des combattants, l’arc est souvent identifié comme celle qu’emploie les méchants, tapis dans l’ombre, pour faire chuter les justes ou les faibles : Psaume 37,14. Attention donc au slogans et aux paroles que nous entendons. L’utilisation du nom de Jésus et du mot évangile ne sont pas une garantie que l’Esprit de Dieu est là et que ceux qui se servent de ces mots sont de véritables disciples du Christ-Jésus : 2 Cor 11,3-4. En faux christ, le cavalier montant le cheval blanc sera peut-être, à l’instar de Satan lui-même, un expert dans la citation de versets bibliques : Luc 4,10-11.

3. Le 2ème sceau : le cheval roux (ou rouge) : v 3 et 4

Au jour de l’introduction de Son Fils dans le monde, Dieu tint, par l’intermédiaire des anges à délivrer un message de paix aux habitants de la terre : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et, sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir : Luc 2,14. » Le cavalier à la monture blanche introduit dans l’histoire, c’est un cavalier faisant équipage avec un cheval roux qui, immédiatement, le suit, avec un but et une mission : ôter la paix de la terre et travailler à ce que les hommes s’entre-tuent (le roux symbolisant la couleur du sang).

Notons que l’ordre d’arrivée des cavaliers de l’apocalypse suit exactement la liste des signes données par Jésus : après la séduction, la guerre : Mat 24,7-8. Un lien de cause à effet évident lie l’irruption du cavalier au cheval blanc sur la scène de l’histoire avec, à sa suite, le cavalier au cheval roux.

Se présentant comme le Messie revenu, il n’est pas impossible que pour asseoir et imposer son autorité sur le monde, le cavalier au cheval blanc se lance, comme cela s’est déjà fait dans l’islam ou au temps des croisades, dans des guerres dites « justes ». Or, ce concept de guerre juste, d’autant plus si elle est entreprise au nom du Christ est totalement étranger et incompatible avec la pensée de Jésus et des Evangiles : Mat 26,51 à 54 ; Jean 19,36. La guerre juste présuppose, pour être justifiable, un axe du mal qui sépare d’une manière catégorique les bons des méchants (rhétorique employée par Georges Busch pour justifier sa guerre menée en Irak). Or, cette vision de l’humanité va à l’encontre de celle que nous présente la Bible comme étant la vision de Dieu : Rom 3,9 à 18.

Penseur protestant, c’est au Coran que Jacques Ellul fait remonter, dans son livre « la subversion du christianisme », la paternité de la notion de guerre sainte. « Jusqu’à l’arrivée de l’Islam, dit-il, la guerre est mal tolérée par les chrétiens. Elle reste, quoique menée par un empereur chrétien, douteuse et mal jugée. Mais la guerre est inhérente à l’Islam. Elle est inscrite dans sa doctrine, elle est tantôt un fait de civilisation, tantôt un fait religieux, mais ne peux pas en être séparée… Dans l’Islam, la guerre est toujours juste et constitue un devoir sacré. Elle est un devoir de tout musulman. Il faut que l’Islam devienne l’Universel. il faut étendre la vraie foi à tous les peuples en les contraignant par tous les moyens, et forcément la guerre. »

Nous ne pouvons pas dire avec certitude que le cavalier blanc sera musulman. Mais ce qui est sûr est qu’il saura trouver dans la doctrine qui lui servira de support, la justification théologique dont il a besoin pour, au nom de Dieu, utiliser la guerre pour imposer au monde entier son autorité et sa pensée.

4. Le 3ème sceau : le cheval noir : v 5 et 6

Comme l’histoire le montre toujours, la guerre ne vient jamais seul. Elle entraîne inévitablement dans son sillage la famine. Le cavalier au cheval noir tenant sa balance pour peser la minime quantité de céréales que l’ouvrier moyen pourra se procurer, symbolise la situation désespérée du monde après le passage des deux premiers cavaliers. Comme les autres, le cavalier au cheval noir se positionne exactement là où Jésus le situe dans l’ordre des signes précédant Son retour : Mat 24,7. Comme le rouge symbolise le sang, la couleur noire est, dans le langage biblique, celle qui caractérise la famine : Lam 4,8-9.

Au temps de l’apôtre Jean, le denier représentait le salaire d’une journée de travail et permettait l’achat de huit meures de farine ou de 24 mesures d’orge. Lorsqu’après la guerre, la famine universelle surviendra, le rationnement n’accordera à l’individu que le 8ème de la portion habituelle.

Si tous les peuples seront affectés par la famine, la mention de l’épargne de l’huile et du vin, produits de luxe, pourraient signifier que, comme c’est souvent le cas, ce seront les pays les plus pauvres qui seront les plus affectés par le fléau.

5. Le 4ème sceau : le cheval verdâtre : v 7 et 8

En queue d’équipage des trois premiers cavaliers, Jean voit surgir un dernier cheval de couleur verdâtre (grec : chloros), monté par le seul cavalier dont le nom nous soit donné : la Mort.

La mort, dit l’apôtre Paul, est toujours le salaire du péché : Rom 6,23. Suite à la libération des trois premiers cavaliers introduisant, en guise de jugement, le mensonge, la guerre et la famine, le résultat ne peut être pour le monde qu’une mortalité à grande échelle. Il n’est donc pas étonnant de voir le 4ème cavalier équipé des pouvoirs de ceux qui l’ont précédé : épée et famine. Le 4ème cavalier est en quelque sorte le Moissonneur, celui qui, monté sur son cheval, ramasse les âmes et les corps de tous ceux que les précédents cavaliers ont tué pour remplir le séjour des morts : Esaïe 5,14-15.

A l’épée et la famine, Jean ajoute à la Mort le pouvoir de la peste et des bêtes sauvages de la terre. Outre la mortalité directe occasionnée par l’épée et la famine, chaque guerre apporte son lot inévitable de maladies et d’épidémies. Pour mémoire, souvenons-nous que la grippe espagnole, il y a un siècle, a fait plus de victimes que la guerre elle-même : 1 milliard de personnes malades et 50 à 100 millions de morts. L’épée, la famine, la peste et les bêtes féroces de la terre sont, selon Ezéchiel, les 4 châtiments terribles de la colère de Dieu par lesquels Il exerce Sa vengeance contre les hommes rebelles : Ezéchiel 14,21, des châtiments qui, dans la loi déjà, sont l’expression de Sa malédiction : Deut 32,23-25 ; Lév 26,14 à 26. S’ils s’appliquaient aujourd’hui, ils rayeraient, selon la prophétie de Jean, environ 1,7 milliard d’habitants de la carte du monde.

6. Le 5ème sceau : les martyrs de la foi : v 9 à 11

En accord avec les signes donné par Jésus : Mat 24,9.10.13, le 5ème sceau nous projette, non plus dans l’arène du monde, mais dans ce que vivent les témoins du Christ en cette période troublée de l’histoire. S’il y eut de tout temps des persécutions contre les disciples du Christ, la période finale de l’histoire verra, sous l’impulsion de l’Antichrist, une augmentation incroyable du nombre de martyrs de la foi. L’époque des jugements qui s’abattront sur le monde sera, pour les croyants présents, celle de la grande tribulation pendant laquelle beaucoup verseront leur sang par fidélité déclarée à Christ : Apoc 7,14 ; 12,7 18,24.

Si elle est incluse dans les sceaux du jugement, la persécution des croyants n’en est pas un pour eux, mais pour le monde. Car elle ne fait, comme le mal que l’on fait à son enfant pour un père, qu’attiser la colère ardente de Dieu sur les rebelles : Rom 12,19 à 21 ; 2,5, le sang des martyrs réclamant vengeance. Pour exemple, le massacre de la Saint-Barthélemy en France, s’il a été un malheur pour la Réforme, a été une catastrophe pour le pays, s’enfonçant depuis dans un cycle de guerres sans f in.

Dieu, par la capacité qu’Il a de rester maître de Lui, n’abrégera pas pour autant ce temps difficile pour Ses enfants. La persécution menée par l’Antichrist sera le moyen que Dieu utilisera pour sortir les Siens du monde qui sera alors mûr pour Son jugement final. « Dieu ne fait rien de pire à Ses enfants que de les faire entrer au ciel à coups de fouets : Thomas Watson. »

7. Le 6ème sceau : un terrible tremblement de terre : v 12 à 17

Si les cinq premiers sceaux ouverts nous placent face à des phénomènes déjà connus, l’ouverture du 6ème sceau nous projette dans un bouleversement terrestre et cosmique d’une ampleur inégale. A maintes reprises, Jésus, parlant des derniers temps, a fait mention de signes dans le ciel et sur la terre provoquant la terreur des hommes : Luc 21,11.25-26. Les phénomènes présentés ici ne sont pas nouveaux dans la prophétie : ils font écho à de multiples annonces faites par les prophètes de l’Ancienne comme de la Nouvelle Alliance :

- un ébranlement de toute la terre : Esaë 13,13 ; Joël 2,10 ; Nahum 1,5 ; Aggée 2,6-7 ; Hébr 12,26 à 29

- le soleil obscurci : Exode 10,22 ; Esaïe 13,10 ; 34,9-10 ; Joël 3,14-15 : Mat 24,29-30

- la lune changée en sang : Ezéchiel 32,7 ; Joël 2,30 ; Mat 24,29

- les étoiles tombant du ciel comme des figues vertes : Nahum 3,12 ; Apoc 8,12

- Le ciel roulé comme un livre : Esaïe 34,4 ; 2 Pier 3,10-12

- Les montagnes et les îles remuées : Psaume 97,5 ; Esaïe 54,10

Par l’effet qu’ils produisent sur tous les hommes, des plus grands aux plus petits, le but du message du 6ème sceau est clair. Il démontre de manière indiscutable que le Dieu véritable n’est pas celui qui, sur terre, se désigne comme tel, mais Celui qui vit et règne dans les cieux. Les habitants de la terre qui, à l’instar des magiciens du Pharaon reconnaissant le doigt de Dieu devant les miracles que produit Moïse : Exode 8,15, ne s’y trompent pas : ils identifient avec une parfaite exactitude ceux qui sont la cause de cette plaie terrible qui les atteint : Dieu et l’Agneau : v 16.

Vont-ils prendre toute la mesure de l’avertissement qui leur est adressé ? La suite montre que, malheureusement, au lieu de se repentir, le monde, dans sa majorité, va rester sourd aux appels de Dieu à la repentance !

Je viens bientôt !

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