samedi 16 mai 2009

Apocalypse 1,1 à 11


Introduction :

Comme il en est de la plupart des livres, le premier chapitre du livre de l’Apocalypse est un chapitre introductif. Il présente le but du livre, désigne les destinataires à qui il est adressé, identifie l’auteur, décrit les circonstances dans lesquels il a été écrit et présente le thème majeur qui en sera l’objet. Relevons pour les traiter cette somme d’informations qui nous est donnée !

But du livre :

Il est clairement exprimé dès le 1er verset. L’Apocalypse est une révélation donnée par Jésus-Christ de la part de Dieu pour montrer à Ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. Très clairement donc, l’Apocalypse se présente comme un Livre qui nous est donné par Dieu pour décrypter le futur. L’Apocalypse est la poursuite de la révélation des œuvres et des hauts faits de Dieu qui, suite à la mort, le résurrection et le retour en gloire de Jésus, le Fils de Dieu, parachèveront le dessein de Dieu pour l’humanité.

En ce qui concerne le temps de l’accomplissement de la révélation, nous avons vu dans l’introduction au livre que le " bientôt " dont il est question s’attache " aux derniers jours " ou " aux temps de la fin ", temps inauguré par l’Ascension et l’intronisation de Jésus-Christ à la droite de Son Père.

Destinataires du livre :

Si le livre concerne tous les serviteurs du Christ : v 1, il s’adresse plus particulièrement aux sept Eglises qui, au temps de Jean, étaient implantées dans la province d’Asie : v 4 : Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée (dans la Turquie actuelle).

Le choix de ces églises comme destinataires particuliers de cette révélation et leur nombre ne reposent pas sur le hasard. D’après ce qu’on en sait et ce que l’on peut lire par la suite, il est possible d’en déduire les raisons suivantes :

Ces églises représentent l’Eglise universelle au milieu de laquelle le Seigneur se tient. Le chiffre 7 utilisé dans l’Apocalypse a toujours valeur d’absolu : cf v 4 : les sept esprits devant le trône. Cette universalité du visage de l’Eglise, incarnée par les sept églises d’Asie, peut se comprendre de plusieurs manières :

1. Par les sept Eglises représentées, il est possible que nous ayons une image du développement historique de l’Eglise. Du haut du ciel, le regard du Seigneur embrasse tous les temps et tous les siècles. Il n’est donc pas inconcevable de penser que l’ordre dans lequel les églises sont citées et les particularités qui les concernent recouvrent les réalités fortes qui marqueront le futur de l’Eglise:

- Ephèse représente l’Eglise du 1er amour et des apôtres : l’Eglise primitive
- Smyrne nous parle de l’Eglise dans la souffrance : l’Eglise des martyrs
- Pergame anticipe le mélange doctrinal qui s’introduira dans l’Eglise : l’Eglise infectée par les fausses doctrines
- Thyatire nous annonce l’introduction dans l’Eglise d’un faux prophète revêtu d’une grande autorité : l’Eglise dominée par la papauté
- Sardes parle de l’Eglise qui a reçu la Parole, mais qui n’est pas restée fidèle au message et qui est morte ou près de mourir : l’Eglise issue de la réforme
- Philadelphie parle de l’Eglise faible mais puissante : l’Eglise née des mouvements missionnaires et de réveil
- Laodiciée nous parle de l’Eglise matériellement riche, mais tiède sur le plan spirituel : l’Eglise des derniers temps.

Certains commentateurs, allant plus loin, ont même établi un parallèle entre le développement de l’Eglise, tel que représenté dans l’Apocalypse, avec celui du peuple juif dans l’Ancien Testament depuis sa sortie d’Egypte :

- Ephèse : le 1er amour correspond à Israël à sa sortie d’Egypte
- Smyrne : l’Eglise dans l’épreuve correspond à Israël dans le désert pendant 40 ans
- Pergame : l’Eglise dans le mélange correspond à l’entrée de l’idolâtrie et la corruption (Moab - Balaam)
- Thyatire : l’Eglise sous influence correspond à la période trouble des juges et des rois (la royauté d’Achab et de Jézabel en est le sommet)
- Sardes : l’Eglise orthodoxe morte correspond à la période de l’exil
- Philadelphie : le reste fidèle correspond à l’époque qui fait suite à l’exil (Esdras, Néhémie, Aggée, Zacharie)
- Laodicée : l’Eglise tiède corresponde à l’état du judaïsme au temps de la venue du Christ.

Si de tels rapprochements sont possibles, il faut cependant se garder d’un classement trop catégorique à ce sujet. Frédéric Godet, un commentateur, voit dans le tableau des églises dépeintes, non une totalité successive, mais simultanée, ce qui signifie que c’est à toute époque et dans tous les milieux que le tableau présenté ici peut se trouver d’actualité.

Par le fait que nous avons dans le portrait dressé des sept églises, la représentation de toutes les maladies dont l’Eglise peut être affligée :

- Ephèse : perte du premier amour
- Smyrne : l’épreuve de la persécution
- Pergame : le mélange, les fausses doctrines
- Thyatire : l’usurpation du pouvoir par des autorités étrangères au Seigneur
- Sardes : le formalisme religieux
- Philadelphie : la faiblesse dans la fidélité alliée à la puissance
- Laodicée : le matérialisme qui engendre la tiédeur

" Le tableau des sept églises renferme ainsi la représentation de toutes les nuances et en quelque sorte la statistique des états variés, en bien et en mal, qui peuvent caractériser la chrétienté terrestre : Frédéric Godet ".

Ces églises représentent des églises locales existantes au temps de Jean. Si elles ont été sélectionnées entre toutes pour être les destinataires de l’Apocalypse, c’est d’abord, dit un commentateur, parce que peut-être plus que les autres, elles étaient concernées par le problème majeur qui se posait à l’époque, problème que l’on retrouve traité sous différents aspects dans le Livre : le risque de la disparition de l’Eglise sous l’effet du pouvoir satanique.

Nous sommes à l’époque de la rédaction de l’Apocalypse dans les années 95 à 100 après Jésus, au temps de l’empereur Domitien. Dans sa Vie de Domitien, Suétone, un historien latin de l’époque, relate plusieurs traits en lesquels se manifesta la prétention de cet empereur à la divinité… Ainsi avait-il fait graver son image à côté de celles de Jupiter, de Junon et de Minerve, sur les couronnes d’or qu’ils portaient en certaines cérémonies. La même prétention le poussa à se faire acclamer, dans l’amphithéâtre, du titre proprement divin de Seigneur. Il exigera même que, désormais, soit par écrit dans les textes officiels, soit même dans les entretiens qu’on aurait avec lui, on ne l’appelle plus que sous le nom " notre Seigneur et Dieu ".

Il est indubitable que dans l’histoire Domitien apparaît comme le promoteur de la seconde et très violente persécution contre les chrétiens. Si la première persécution sous Néron toucha surtout Rome, celle de Domitien eut une autre portée. Car elle posait la question de principe de la liberté des cultes. Or il apparaît que 5 au moins des localités citées parmi les églises d’Asie possédait un sanctuaire du culte impérial : Ephèse, Smyrne, Pergame, Sardes, Philadelphie et il est fort vraisemblable que Laodicée et Thyatire n’y soient pas étrangers. C’est toute la question de l’avenir de l’Eglise qui est ici engagée par les décrets de Domitien. C’est pour répondre à cette inquiétude que le Seigneur donnera l’Apocalypse à Jean destiné à ces sept églises, afin de les assurer, malgré l’apparence de la victoire finale de Dieu et de Son Oint ! Si l’Apocalypse était une révélation nécessaire aux chrétiens de l’empire de Rome, elle l’est d’autant plus pour nous qui voyons se lever le spectre d’un Nouvel Ordre Mondial.

Auteurs du livre

Si Jean est l’écrivain du Livre de l’Apocalypse, son véritable auteur nous est présenté au v 4. Il est :

1. Celui qui est, qui était et qui vient. Il ne nous est pas nécessaire de nous interroger sur l’identité de Celui qui se présente sous une telle appellation : il se présente lui-même quelques versets plus loin : v 7. Il s’agit du Tout-Puissant.

En se présentant sous ce nom, Dieu a cependant un objectif. Il rappelle qu’Il est l’Eternel, le Souverain, Celui qui reste le Maître quels que soient les temps que traverse le peuple de Dieu. Il est d’abord :
- Celui qui est : celui qui ne change pas, l’Immuable, nom sous lequel Il se présenta à Moïse : Exode 3,13-14
- Puis celui qui était : ce passé, inscrit dans le temps, fait référence pour le peuple de Dieu à tout le témoignage qu’il a pu en avoir de tous ses hauts faits. Le rappel à la mémoire du peuple de Dieu, pour se rappeler qui Il est, est une constante de l’Ecriture dans les moments où le peuple passe par l’épreuve : Exode 13,3 ; 1 Chr 16,8 à 21
- Enfin Celui qui vient : toujours inscrit dans le temps, l’expression fait référence au futur qui doit être envisagé pour le peuple de Dieu à la double lumière de l’éternité de Dieu et de Ses hauts faits du passé

2. Les sept esprits qui sont devant Son trône :

Si ces sept esprits ne sont pas ici identifiés, ils le seront plus tard dans le Livre. Les sept esprits sont en fait les sept esprits de Dieu : Apoc 3,1 ; 4,5 ; 5,6. Cette appellation unique dans l’Ecriture peut signifier et se rapporter à deux choses :

- à la plénitude de l’Esprit de Dieu
- mais aussi, pourquoi pas, à la plénitude de Ses composantes : Esaïe 11,2

L’Esprit de Dieu, envoyé par toute la terre, n’a pas qu’une arme de persuasion pour éclairer le monde et le convaincre de ce que Dieu est. Il sait quand et de quelle manière Il doit parler dans chaque situation.

3. Jésus-Christ : Il nous est présenté sous 3 titres tous en rapport avec Son œuvre passée :

- Jésus est le Témoin Fidèle, ce qu’Il a été tout le long de son parcours terrestre à l’égard du Père : Jean 5,19.30 ; 10,30 ; 14,9 ; 17,4, et de la vérité : Jean 1,17 ; 8,31-32 ; 14,6 ; 18,37
- le premier-né d’entre les morts : titre qui fait référence à Sa résurrection : Actes 2,24 ; Colos 1,18
- le chef des rois de la terre : titre qui fait référence à Son ascension suivie de Son intronisation à la droite du Père : Psaume 110,1 ; Actes 2,34 ; Hébr 1,13

C’est à la Divinité dans son entier que l’on doit la rédaction du Livre de l’Apocalypse : cf Mat 28,19.

Circonstances de rédaction : v 9 à 10

C’est alors qu’il est exilé à Patmos, à cause de la Parole de Dieu et du témoignage rendu à Jésus que Jean reçoit la révélation de l’apocalypse. En présentant la condition dans laquelle il se trouve, on ne peut qu’être admiratif de la vision et de la perspective au travers desquelles Jean identifie ce qu’il vit.

Etre disciple de Jésus dans ce monde n’est pas pour lui synonyme de confort, de tranquillité, mais, en regardant tout le film de sa vie, un film qu’il connaît d’avance, Jean nous dit que suivre Jésus dans ce monde, c’est avoir part à 3 choses :

- la détresse
- la persévérance
- et finalement la royauté avec Lui

Il se peut qu’en lisant cette définition de la vie chrétienne que nous donne Jean, nous ne saisissions pas tout à fait ce qu’il veut nous dire. Dans le livre de vie d’un chrétien qui veut être fidèle à Jésus dans ce monde, Jean nous dit qu’il se trouve les mêmes divisions que celles que l’on trouve dans le livre de vie de Jésus.

Or, parcourant le livre de vie de Jésus, Jean discerne trois divisions, trois volets très clairs résumant le vécu de Jésus :

- le 1er volet est le volet détresse. Si ce volet fait partie du livre qui résume le parcours de Jésus dans ce monde, nous devons le savoir, nous dit Jean : il est impossible qu’il ne figure pas, d’une manière ou d’une autre, un jour ou l’autre, dans le nôtre. " Si monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous, a dit Jésus. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. Ils vous feront toutes ces choses à cause de Moi " : Jean 15,19.21.
- le second volet du livre de vie de Jésus est le volet persévérance. " Considérez en effet, dit l’auteur de l’épître aux hébreux, celui qui a enduré une telle opposition de la part des pécheurs pour que vous ne vous lassiez pas l’âme découragée : Hébreux 12,3. " Si la persévérance a été la vertu qui a caractérisé la vie de Jésus, Fils de Dieu ici-bas, il est impossible, pour nous qui sommes Ses disciples, que ce mot ne figure pas comme l’une des têtes de chapitre du livre de notre vie.
- Le 3ème volet du livre de vie de Jésus est, dit Jean, le volet royauté. C’est le volet qui clôture le livre, le volet qui nous raconte et nous décrit la fin, l’issue finale qu’a connu Jésus. C’est le volet que nous célébrons à Pâques, le volet de la résurrection, du triomphe final du Christ sur le péché, le monde, la mort et le diable.

But du Livre : v 7

Le but du livre de l’Apocalypse est tout entier contenu dans le 1ère message, présenté sous la forme d’une affirmation sur laquelle il n’y a pas de doute et qui doit être au coeur de l’attente et de la foi des saints, que l’on rencontre à la lecture du Livre. Cette affirmation est l’annonce certaine de la venue en gloire du Seigneur, dont la dernière image que la terre conserve est celle du Crucifié, événement qui, comme le fut Sa crucifixion, sera à la fois de notoriété publique et de portée universelle.

Que Dieu nous donne à nous, peuple de Dieu de la dernière heure, d’en serrer fortement la promesse dans nos cœurs !



Je viens bientôt !